C'est avec une grande tristesse que j'ai appris samedi le décès du chanteur Jean Ferrat. Vous trouverez ci-après un texte signé par Michèle Victory, ma suppléante, conseillère municipale de Tournon sur Rhône.
C’est toujours la même histoire , il nous faut toujours attendre que les gens disparaissent pour que nous réalisions à quel point ils étaient importants pour nous, à quel point ils avaient laissé en nous une empreinte, à quel point ils donnaient à notre quotidien couleur et soleil, tristesse et colère…. Tout a été dit sur jean Ferrat, la beauté de sa voix, l’intelligence de sa vie, la justesse de ses mots, la dignité et la sincérité de son chemin, de son combat, et cette infinie discrétion avec laquelle il avait décidé de s’effacer, de garder sa colère et ses jugements sans complaisance sur notre « nouveau monde ».
A Plats , l’année dernière, j’avais eu l’occasion d’écrire un texte sur cette si belle « journée des Justes » plombée de chaleur mais surtout plombée d’une émotion incroyable lorsque dans le silence cérémonieux de circonstance s’était élevée délicatement d’abord puis portée par le poids des mots « nuits et brouillards ». Ce n’était pas Jean Ferrat, mais pourtant, à travers la voix d’un autre, la voix sensible et engagée d’un autre, Alain Hivert, c’était bien le souvenir insupportable et impérieux de la misère humaine relayée par l’infamie que nous avions entendue. Les larmes nous étaient venues, jamais autre texte autre musique ne parlera mieux de cette barbarie.
Mais il n’y a pas que cela, je me demande encore comment la mystérieuse alchimie a pu naitre, a pu grandir pour peupler un imaginaire collectif aussi puissant , aussi poétique ; comment ces deux expressions artistiques, celle de Louis Aragon, magicien des mots et celle de jean Ferrat, talentueux faiseur de mélodies et de musique avaient pu se rencontrer comme dans le plus beau des coups de foudre, comme dans la plus belle des histoires d’amour. C’est comme si l’un avait attendu l’autre, comme si les sentiments si souvent difficiles à dire avaient enfin trouvé leur propre langage.
Et là encore, des larmes s’échappent qui mêlent la mélancolie à la sensation d’un bonheur si proche, et qui font de nous les hommes et des femmes forts, libres et dignes, prêts à lutter, le front tourné vers ce « jour couleur d’orange où les gens s’aimeront, un jour comme un oiseau sur la plus haute branche ».
Michèle Victory,
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