Lundi 16 janvier, les acteurs économiques locaux du bassin d'Annonay étaient invités à la traditionnelle cérémonie de voeux de la Communauté de Communes. Nombreux sont ceux qui avaient répondu à cette invitation et c'est avec plaisir que nous les avons accueuillis, autour du Président de la Communauté et avec tous les maires du bassin. J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur le contexte économique, quelques jours après la dégradation de la politique budgétaire et fiscale de notre pays et en plein débat sur la TVA dite "sociale". Vous trouverez ci-après mon intervention :
La baisse du chômage en Nord Ardèche est une bonne nouvelle mais qu'il ne faut pas considérer comme définitive et en tout cas, ne pas penser qu'il s'agit de la sortie définitive de la crise, dans notre territoire comme ailleurs.
2011 aura été une année de difficultés pour un nombre croissant de familles, à Annonay comme partout dans le pays, confrontées au chômage et à la précarité qui gagnent du terrain. Je pense en particulier aux familles des salariés de GPV mais aussi à celles des salariés concernés par des suppressions d’emplois plus discrètes, car en moins grand nombre, dans certaines PME, sous-traitantes des entreprises concernées ou menacées sur leurs marchés.
Le Monde, l’Europe et évidemment la France traversent une crise dont les effets se font sentir dans notre bassin depuis plusieurs années.
La dégradation de la politique budgétaire, économique, et fiscale, par une agence de notation montre à quel point nous n’en sommes pas encore sortis. Je forme le souhait que cette mauvaise nouvelle, de cette sanction de la politique menée, n’amène pas trop de turbulences pour les entreprises, et surtout, pour les entreprises comme pour les collectivités, que ses effets ne seront pas trop grave en termes d’accès et de cout des crédits.
Ici, en Ardèche, notre identité, notre nature, industrielle, manufacturière, rendent beaucoup de nos secteurs d’activité et de nos entreprises plus vulnérables à la crise, à la compétition internationale.
La situation fragile de certains métiers est en plus aggravée par le dérèglement total, et scandaleux, d’un système financier ultra‐libéralisé dont les errances sont une des causes de la crise de l’économie réelle. L’année 2011 aura au moins permis de partager un constat, celui de la nécessité impérieuse de remettre la finance au service de l’industrie, de la production, de la croissance… et non pas l’inverse comme c’est le cas aujourd’hui.
Nous traversons une crise mondiale qui aujourd'hui se traduit pour vous par une absence de visibilité et une contraction de la demande.
La baisse du pouvoir d'achat de nos concitoyens s'ajoute à leurs inquiétudes pour renforcer le caractère morose du climat économique.
Régulièrement, vous nous demandez ce que nous pouvons faire. La réponse tient en deux points.
1er levier : la commande publique
Nous savons l'importance de la commande publique pour beaucoup des entreprises de notre territoire et c'est pour cela, tant à la COCOBA que dans nos communes, nous avons maintenu un niveau d'investissement élevé.
Vous me permettrez de prendre l'exemple de la ville d'Annonay pour vous rappeler qu'en 2011 nous avons réalisé par exemple :
- plus de 500 000 euros de travaux de voirie (sur l'allée de Beauregard, le chemin de Pantu, celui de St Denis, l'avenue Rhin et Danube) auxquels se sont ajoutés les chantiers initiés par le Conseil Général au domaine de la Gare et pour la construction de la rocade Est qui désenclavera totalement Marenton
- des travaux dans nos batiments avec la rénovation de la salle des fêtes et la réalisation de l'ascenseur de la mairie, sans parler des travaux d'entretien et de rénovation dans nos écoles
- ou encore la construction d'un terrain de rugby et nombre de travaux dans les installations sportives.
Nous garderons ce cap en 2012 avec de nouvelles opérations de voirie (sur la montée des Aygas, à Faya, à la Valette, à Chatinais...) mais aussi avec la rénovation de la place des Cordeliers pour laquelle les principaux marchés seront bientôt attribués. C'est plus de 3 millions d'euros sur deux exercices budgétaires.
Nous tenons ce cap alors même que nos marges de manoeuvre sont fragiles.
Rien que pour Annonay, nous avons vu les dotations de l’Etat pour notre fonctionnement baisser de presque 150 000 euros entre 2010 et 2011, nous obligeant parfois à des trésors d’imagination pour les compenser, sans augmenter les impôts, et en maintenant un niveau élevé d’investissement puisque nous investissons plus que la moyenne des 5 dernières années, et beaucoup plus que la moyenne des dix dernières années.
Dans le même temps, pour ne pas ajouter de la crise à la crise, nous n'avons pas augmenté les impots sur les ménages et nous avons maitrisé et même réduit les dépenses de fonctionnement courant.
Nous avons aussi fait baisser l’encours de la dette puisque la dette de la Ville est à la fin de l’année 2011 de 15,8 millions d’euros, soit 800 000euros de moins que fin 2010. Depuis le début de notre mandat, c’est une baisse de presque 5 millions d’euros de la dette que nous avons réussi à réaliser.
Mesdames et Messieurs,
je vous dis cela pour vous dire qu'à chaque fois que nous le pouvons, dans le respect du code des marchés publics, nous sommes heureux de faire travailler les entreprises locales et ainsi les aider à maintenir des emplois dans des secteurs souvent non délocalisables.
Pour vous dire aussi, et je ne me lasse pas de le répéter, qu'en France, les collectivités locales si souvent décriées, représentent presque les trois quarts de l’investissement public alors qu’elles ne représentent que 8% de la dette publique. Les étrangler financièrement, c’est étrangler les entreprises qui comptent sur leurs commandes.
2e levier : notre politique
Notre 2ème moyen d'agir réside dans notre politique économique.
Nous agissons, la communauté de communes agit, et nous le faisons dans le respect de la loi mais aussi selon nos moyens.
Nous avons ainsi, et nous continuerons, accompagné MP Hygiène dans son développement en favorisant l’obtention de subventions mais aussi en facilitant les acquisitions foncières nécessaires à son développement.
De même nous avons accompagné et soutenu les projets de Nutrition et Santé, de Concept Fruits. A eux trois, ces seuls exemples vont permettre la création de plus de 130 emplois dans les mois et les années qui viennent.
Cela ne compense certes pas les suppressions des dernières années, j’évoquais GPV tout à l’heure, mais ce sont des résultats importants tant pour l’économie que pour le moral de notre bassin.
En matière d’emploi, je le dis et je le répète souvent, les élus ne doivent pas mentir.
Nos concitoyens savent pertinemment que ce sont les entreprises qui créent les emplois et que leurs décisions dépendent de la croissance, de la demande et du pouvoir d’achat.
Notre rôle est de les accompagner, nous le faisons, de les soutenir, nous le faisons chaque fois que la loi nous le permet, de créer un contexte favorable par l’aménagement de zones, la réalisation d’infrastructures comme la rocade Est, comme l'aménagement numérique du territoire, mais aussi par l’animation et l’amélioration de la qualité de la vie.
Je pense là par exemple à l'offre culturelle et sportive, mais aussi à la qualité des services publics dans le domaine de la santé avec l'hôpital, de l'éducation avec nos écoles ou de la formation.
Tout le reste, tout ce qui consiste à dire « il y a du chômage, il y a de la crise,mais ne vous inquiétez pas, je m’occupe de tout » n’est que plan de communication, agitation et illusion.
Pour conclure,
je veux vous livrer mon sentiment sur la période que nous traversons mais aussi les débats que nous allons vivre en 2012, tant sur les propositions que sur le bilan de la politique économique actuelle.
Je défendrai devant vous une seule idée, que je crois simple. Je pense que les entreprises ont besoin de stabilité et de lisibilité.
- Stabilité des règles qui encadrent le droit du travail. Ne comptez pas sur moi, évidemment et vous vous en doutez, pour appeler à ce que secteur soit encore plus libéralisé... mais je suis convaincu que ce sont les changements incessants plus que les soi-disant rigidités qui sont des freins à l'embauche
- Stabilité des règles fiscales
Je pense évidemment à la TVA et au secteur du batiment notamment qui a vu son taux passer de 5,5 à 7% il y a quelques semaines. J'aurais aussi pu parler de la restauration. Tout cela avant que l'on invente une TVA dite sociale qui me paraît dangereuse car elle va affaiblir la consommation alors que son effet sur la compétitivité sera sinon nul, du moins tout à fait marginal, de l’ordre de 1 à 2%?
S’il s’agit d’être compétitif par rapport à l’Asie où les salaires sont dix à quinze fois moindres, cette mesure sera sans effet.
S’il s’agit d’être compétitif par rapport à la zone dollar, sachant que le dollar fluctue de plus ou moins 10% par rapport à l’euro plusieurs fois par mois, elle sera également sans effet.
Quant à l’Allemagne, ses entreprises enregistrent des gains de productivité de 3 à 4% par an : autant dire que cette mesure sera là encore sans effet.
Je crois vraiment qu'il va nous falloir allier stabilité, visibilité mais aussi relance de notre industrie par un soutien à la recherche, à l'innovation mais aussi à la consommation. L’agence de notation dont je parlais au début de mon propos a aussi dit que la perte du TripleA était liée à nos mauvais résultats en termes de compétitivité structurelle plus qu’à la question des déficits et de la fiscalité.
Ces débats auront lieu. Nul doute que nous y participerons, que vous y participerez.
Dans l'attente de leur issue, et pour reprendre et appuyer les propos du président de la CCBA, je tiens simplement :
- d'une part à vous dire notre engagement total à vos côtés et pour faciliter la prospérité de vos affaires,
- d'autre part, mes souhaits pour chacun d'entre vous de santé, de bonheur et de réussite.
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