La France est impatiente, impatiente car elle attend de la Gauche non seulement une réponse à la crise mais aussi un projet nouveau pour notre société. Une vision et un cap. Un espoir en fait, une possibilité pour chacun de vivre mieux, en conformité avec ses aspirations. De l’espoir, Jacques Chaban Delmas disait qu’il -« peut mobiliser la Nation », mais qu’il « nous faut le clarifier si nous voulons conquérir un avenir qui en vaille la peine». Le pays en est là aujourd’hui, dans cette attente là.
Cette audace réformatrice échoie à la Gauche et c’est dans l’ordre des choses. Toujours, au pouvoir, la Gauche a élargi les droits individuels et les droits collectifs. Hier avec Blum, avec Mitterrand, avec Jospin. Aujourd’hui avec François Hollande. En tant que responsable du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale, je souhaite que nous soyons pleinement au rendez-vous de la transformation sociale. Je souhaite que nous le soyons avec méthode. Deux principes doivent être respectés : le débat d’abord, le plus large possible. Dans les assemblées mais aussi dans et avec le pays, mobilisant les moyens nécessaires et adaptés à une démocratie d’opinion comme la nôtre. Et puis ensuite, la lisibilité des réformes proposées. Il faut être cash, si je puis dire. Pourquoi différer, émietter ce qui peut être proposé d’un seul tenant, d’un seul bloc et qui se faisant prend alors tout son sens politique ? Sachons proposer aux Français, un enjeu, des rendez-vous, un calendrier. Donnons un cadre et un rythme à la réforme. Rassemblons les Français, non pas en étant dans l’évitement mais bien en proposant une voie de progrès à notre pays. Souvent, ce qui est présenté comme clivant participe quelques années plus tard seulement de l’unité du pays.
La diversité des couples et des familles par exemple. Le mariage pour tous fait l’objet d’un projet de loi, conformément aux engagements du président de la République. Mais, nous devons aller plus loin. L’adoption pour tous et la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes doivent faire l’objet d’un débat à l’assemblée, qui doit également être celui du pays tout entier, car il s’agit d’un sujet qui, pour reprendre l’expression de Christiane Taubira,« ébranle les représentations ». Sur ces questions, nous aboutirons j’en suis certain et marquerons alors un véritable progrès humain, que les plus réticents, au fil des ans, reconnaitront comme tel. Demain, je le souhaite, plus aucune femme ne sera contrainte de prendre le Thalys pour Bruxelles pour aller faire une FIV.
Autre sujet : le droit de vote des étrangers. Depuis trente ans, la Gauche le promet et depuis trente ans, le moment n’a jamais été le bon. « Aujourd’hui peut-être, ou alors demain… » . La chanson est connue. Le groupe que je préside a demandé au gouvernement qu’un projet de loi soit préparé. Nous voulons montrer qu’une majorité existe à l’Assemblée, qu’une majorité existe au Sénat et qu’une majorité est possible dans le pays. Non pas pour cliver, exciter les haines, les peurs et les rancœurs. Mais pour rendre justice« aux chibanis de nos cités » notamment, qui vivent avec nous et à qui nous devons ce droit et pour parer aux risques communautaristes qui peuvent déchirer nos villes. Alors, la majorité requise des trois cinquièmes du congrès sera à portée de conscience politique d’une trentaine de mes collègues parlementaires de l’opposition.
Il y a d’autres sujets, qui permettent l’extension des droits et sur lesquels la gauche est engagée.
... L’égalité salariale entre les hommes et les femmes par exemple. Trente ans après la loi Roudy, les progrès sont très faibles qui établissent une égalité entre les hommes et les femmes. La conjugaison des temps de la vie professionnelle et personnelle handicape toujours la progression professionnelle des femmes. Une loi cadre, dès le printemps 2013, devra permettre de lutter contre cet état de fait.
… L’interdiction du cumul des mandats ressort également de ces réformes que les Français attendent. Très vite, nous devons la mettre en œuvre et faire en sorte qu’elle s’applique à compter du prochain renouvellement municipal. Sans finasser, sans laisser le diable s’installer dans les détails, ni même à la tête des sociétés d’économie mixte ou des offices HLM. Nous devons conduire une vraie réforme qui permettre de revivifier notre démocratie, de faire progresser la parité et la diversité et qui assure un statut véritable aux élus.
J’escompte également qu’à l’issue des négociations entre les partenaires sociaux sur la sécurisation des parcours professionnels, le parlement soit saisi d’un certain nombre de textes. La question est majeure pour le pays, elle est centrale pour la gauche et conditionne le jugement à venir des Français. L’emploi est notre préoccupation première mais ce n’est pas être défaitiste que de reconnaître que sa reconquête sera longue. La réforme politique qui doit être conduite doit viser rien de moins, qu’à bannir le chômage tel que nous le connaissons. Faire en sorte qu’il ne soit plus une relégation mais qu’il devienne au contraire une période de reconstruction professionnelle qui s’insère dans le parcours des salariés et qu’il puisse être utile à la poursuite de leur carrière. Il y faudra du temps sûrement, il y faudra de l’audace mais le cap, dès ce printemps, qui sera celui des droits nouveaux, devra être fixé.
Gouverner, ce n’est pas seulement choisir. C’est mettre en mouvement une société toute entière. Lui permettre de se remobiliser. Lui donner des objectifs et un cap, en permettant la reconnaissance de chacun. Il n’y a pas d’un côté l’économique et le social et de l’autre le sociétal. Le hard et le soft. Il y a un pays, qui attend le souffle du printemps pour se réinventer. Un pays qui a choisi le changement.
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