Les élections sénatoriales ont été une nette défaite de l'UMP et de Nicolas Sarkozy. La gauche a gagné la majorité des sièges pour la première fois depuis presque cinquante ans et alors que le mode de scrutin a été pensé pour empêcher toute alternance dans cette chambre haute comme elle est parfois qualifiée.
La place et le poids accordés aux délégués des communes petites et rurales dans le collège des grands élécteurs favorisent une sociologie électorale beaucoup plus favorable à la droite.
Partout où la gauche progresse, c’est l’union de la gauche qui a permis la victoire. Le travail de Martine Aubry avec nos partenaires, communistes et écologistes, est récompensé et c’est de bon présage pour les élections à venir. Elle a renoué des liens de confiance avec eux et permis ainsi une unité essentielle à notre progression.
Cette victoire est le fruit de la conquête de nombreuses collectivités locales au cours des dernières années, mais aussi celle de la reconstruction méthodique du PS sous l’impulsion de Martine Aubry. Projet, crédibilité, méthode nous ont permis de retrouver la confiance de tous. C’est particulièrement vrai pour les élus locaux avec qui nous avons préparé notre projet de réforme pour une décentralisation juste et véritable. L’ « Acte3 de la décentralisation » est prêt et la Fédération Nationale des Elus Socialistes et Républicains, présidée par Marylise Lebranchu, a mis au cœur de ce projet les valeurs d’égalité, de solidarité et de démocratie.
La réforme baclée des collectivités, la suppression précipitée de la taxe professionnelle et la baisse des dotations aux collectivités ont faché les élus locaux. Il ne faut pas aussi oublier que ceux-ci sont aussi des électeurs et qu'ils ont la même appréciation de la politique gouvernementale que tout un chacun. Injustice fiscale, nominations de complaisance, affaires de plus en plus nombreuses impliquant des proches du Président de la République, refus du dialogue et manque de constance... les explications sont nombreuses.
Pour la gauche, cette victoire est porteuse d'espoir. L'espoir que naisse une vraie alternative politique en 2012 avec l'élection présidentielle. D'ici là, le Sénat devra agir. La nouvelle majorité devra donner sans hésitation son avis sur les textes proposés par le Gouvernement. Elle devra aussi user de son droit de créer des commissions d'enquête qui nous sont quasiment tout le temps refusées à l'Assemblée
Le basculement à gauche aura également des conséquences concrètes sur les projets de l'UMP. Deux grands chantiers attendent le Sénat. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2012 doit ainsi être examiné à partir de la mi-octobre, suivi par le budget pour 2012. Ce sera l'occasion de faire valoir nos valeurs et nos propositions. Les sénateurs de gauche pourront également peser sur l'examen des différents textes venus de l'Assemblée, au risque de ralentir le processus même si cela n'est pas l'objectif en soi. Si Sénat et Assemblée ne parviennent pas à un accord sur certains textes, une commission mixte paritaire (CMP), composée de sept sénateurs et sept députés est alors mise en place afin de trouver un compromis. Sans compromis, le dernier mot revient à l'Assemblée nationale. Rien n'oblige non plus les sénateurs à inscrire à leur ordre du jour les propositions de loi des députés, qui pourraient pour certaines tomber aux oubliettes. La majorité de droite au Sénat avait largement pratiqué cela en refusant d'examiner les textes votés par les députés lors du Gouvernement Jospin.
Si la gauche l'emporte en 2012 à la présidentielle ainsi qu'aux législatives, elle aura entre ses mains plus de pouvoirs qu'elle n'en a jamais eu : présidence de la République, Assemblée nationale et Sénat. Ce sera une opportunité mais aussi une lourde responsabilité : celle de réussir.
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