Par Pascal TERRASSE, Député de l'Ardèche
Après de très longs mois de débats et
d’affrontements, les pronostics allaient bon train sur les déchirements
voire les ruptures définitives attendues au
Mans en cette année de célébration d’un « centenaire » que l’on disait
moribond. Cette issue positive qui peut permettre aux socialistes de
repartir au combat sur de nouvelles bases, a provoqué l’ire de
certains. L’UDF s’est indignée, l’UMP tente d’ironiser et Michel
Rocard, qui dit tout haut ce que d’autres pensent tout bas, s’étrangle
des succès politiques engrangés par la gauche du Parti.
Ces succès sont loin d’être négligeables en effet.
La clarification obtenue sur la question de la Constitution européenne
y figure en bonne place. Les engagements clairs d’abrogation des lois
anti-sociales votées depuis 2002 nous permettent également d’aborder
plus sereinement des questions aussi essentielles que les retraites ou
la fiscalité. Les signaux forts adressés aux salariés sur le pouvoir
d’achat, la précarité et l’emploi ne peuvent non plus nous laisser
indifférents.
L’évocation du passage à une « nouvelle République
» n’est pas là, encore, à balayer d’un revers de main même si nous
aurions préféré que la VIème République fût clairement désignée comme
un objectif central des socialistes. Les prises de position nettes sur
la question d’EDF, et des services publics, la progressivité de
l’impôt, le tarif extérieur commun et les licenciements boursiers sont
autant de combats que nous avons menés et qu’il fallait savoir
engranger. Alors c’est vrai nous aurions aimé plus et mieux. Toutes les
motions avaient d’ailleurs souhaité pour elles-mêmes plus et mieux.
Nous avons pour notre part choisi la responsabilité au regard d’un
contexte politique instable et dangereux.
Qui ne voit que notre Parti était au bord de l’implosion ?
Qui pouvait porter la responsabilité de casser le principal outil de la gauche à la veille d’échéances cruciales pour le pays ?
Qui pouvait en somme préférer le confort d’un
statu-quo, en réalité mortifère au sursaut indispensable face à
l’offensive de la droite et de l’extrême droite ? Cette synthèse est
une prise de responsabilité au sens le plus noble du terme. Nous ne
faisons pas l’impasse sur 2007 parce qu’il est impensable pour des gens
de gauche d’abandonner le terrain à la droite de Nicolas Sarkozy.
Nous savons qu’il existe au Parti Socialiste un
temps pour le débat, un temps pour le combat. Le temps du combat est
venu nos électeurs l’exigent, le temps du débat reviendra. D’ici là
nous serons exigeants et vigilants tant sur l’orientation que sur le
fonctionnement du Parti Socialiste. Nous voulions peser sur son
orientation, c’est fait.
Nous voulons maintenant contribuer à l’élaboration d’un projet et d’une stratégie gagnante pour toute la gauche en 2007.
Au Parti Socialiste, comme avec nos partenaires, l’union est un combat. Nous y sommes prêts.
Mais cette démarche suppose loyauté et respect des
engagements pris par nos camarades. Si tel n’était pas le cas nous
saurons, comme nous l’avons toujours fait rapidement en tirer les
conclusions qui s’imposent.
Nous avons au Mans fait la démonstration de notre
attachement au Parti Socialiste comme de notre sens de nos
responsabilités devant l’opinion. Si la synthèse du Mans avait pour
d’autres, un objet différent, ils devront alors en assumer toutes les
conséquences politiques. Nous espérons que la raison l’emportera
jusqu’au bout, à eux de saisir la main tendue pendant qu’il est encore
temps.
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