Je publie ci-dessous un court texte de mon
camarade et ami Olivier MAURIN, texte publié le 8 février dans la
rubrique « courrier » de Libération. Je partage son avis.
Islam : offensantes contritions occidentales
Les caricaturistes et autres dessinateurs de
presse seraient-ils les derniers gardiens de la liberté de pensée ? On
pourrait le croire à en juger par la pâleur des réactions occidentales
face à la montée des violences qui secouent le monde arabo-musulman
depuis qu'a éclaté l'affaire des caricatures.
Or, dans cette affaire, ce qui est en cause n'est
pas tant l'offense faite à la foi des musulmans, et on peut en effet
comprendre leur indignation. Ce qui se profile en creux derrière la
polémique, c'est la capacité de réaction des démocraties face à la
montée de l'intégrisme et du fondamentalisme religieux. Or, les
contritions auxquelles se livrent les dirigeants occidentaux témoignent
des difficultés à appréhender ce phénomène et à y faire face. Arrêter
de dénoncer l'intégrisme et son cortège de haine et de violence
suffira-t-il à en effacer les manifestations visibles à Damas, Gaza ou
Téhéran ? Y aurait-il des sujets interdits à la critique, donc à
l'analyse et au débat ? Les dessins incriminés constituent-ils une
atteinte à la foi des musulmans ou un appel à la vigilance face à
l'utilisation qui est faite d'une religion à des fins politiques ? Que
l'émotion se soit emparée des esprits de nos élites, religieuses,
politiques ou intellectuelles est une chose compréhensible. Que ces
mêmes élites s'enferrent durablement dans une posture de repentance,
acceptant de fait l'idée selon laquelle certains sujets sont interdits
d'accès à la critique ou à la caricature, serait une faute grave : car
lorsque la liberté de pensée recule, c'est la démocratie qui est en
danger ! Olivier MAURIN
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