PARIS (Reuters) - La justice française est en possession d'un document des services secrets français établi avant 2002 qui conclut que Jacques Chirac possède un compte à la Sowa Bank du Japon, crédité de 300 millions de FF (45 millions d'euros), confirme-t-on de sources proches du dossier.
Ce document a été saisi par les juges Jean-Marie
d'Huy et Henri Pons lors de perquisitions à la DGSE (Direction générale
de la sécurité extérieure, les services secrets) et au domicile du
général Philippe Rondot, spécialiste du renseignement. Interrogé sur ce
rapport le 28 mars par les juges d'Huy et Pons, le général a paru
confirmer les conclusions de la DGSE, selon son procès-verbal
d'audition publié mercredi dans Le Canard enchaîné. "Il est indiqué sur
des documents saisis à mon domicile que ce compte a été ouvert à la
Tokyo Sowa Bank et crédité de 300 millions de francs. A ma
connaissance, ce compte avait été ouvert en 1992", dit le général dans
le procès-verbal.
Ces propos n'auraient pas été prononcés par le
général, a assuré à Reuters son avocat. "On lui a fait dire ce qu'il ne
dit pas. Il a fait un commentaire aux juges de ce qu'il y avait dans le
rapport de la DGSE, point final, mais lui-même ne sait rien", a-t-il
expliqué.
Me Morain a corrigé un autre passage du
procès-verbal de Philippe Rondot où le général estime que l'affaire
"avait probablement un fond de vérité" et qui ne serait en fait pas
relatif au supposé compte Chirac.
Les informations du Canard enchaîné ont été
catégoriquement démenties mardi soir dans l'entourage du président de
la République.
Le rapport de la DGSE a été établi pendant le premier mandat de Jacques Chirac, alors qu'il cohabitait avec le gouvernement de gauche de Lionel Jospin.
Une fois réélu en 2002, Jacques Chirac a mandaté le général Philippe Rondot pour savoir quels agents de la DGSE avaient enquêté sur ses supposées affaires au Japon,
écrit Le Canard enchaîné. A la suite de cette "enquête sur l'enquête",
Jacques Chirac a limogé plusieurs responsables de la DGSE. Selon le
rapport de la DGSE, les fonds du présumé compte Chirac auraient été
versés par une fondation culturelle japonaise, dont Jacques Chirac était administrateur. L'actuel locataire de l'Elysée était en 1992 maire de Paris.
Le patron de la Tokyo Sowa Bank, Soichi Osada, est un ami de Jacques Chirac,
qui l'a fait décorer de la Légion d'honneur en 1994, écrit Le Canard
enchaîné. Il a été arrêté dans son pays en 2000 pour faillite
frauduleuse. Les liens du président avec le Japon, où il a effectué une cinquantaine de voyages, sont de notoriété publique.
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