Le numéro 2 du Front national, Bruno Gollnisch, poursuivi pour des propos controversés sur les chambres à gaz tenus en octobre 2004, a été condamné jeudi à une peine de 3 mois de prison avec sursis et à 5.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Lyon. M. Gollnisch, qui n'était pas présent au tribunal à l'annonce du jugement, a aussi été condamné à verser un montant total de 55.000 euros de dommages et intérêts aux différentes parties civiles, dont notamment le MRAP, la Licra et l'Union des étudiants juifs de France. Poursuivi pour "délit de contestation de l'existence de crime contre l'humanité par paroles", M. Gollnisch se voyait notamment reproché d'avoir assuré le 11 octobre 2004, "ne pas remettre en cause les déportations" ni "les millions de morts" des camps nazis, avant toutefois d'ajouter: "quant à savoir la façon dont les gens sont morts, ce débat doit avoir lieu". Interrogé plus spécifiquement sur les chambres à gaz, il avait répondu: "je ne nie pas les chambres à gaz homicides. Mais je ne suis pas spécialiste de cette question et je pense qu'il faut laisser les historiens en discuter. Et cette discussion devrait être libre". Ces déclarations avaient été vivement condamnées au conseil régional : au nom des présidents de groupes, le président PS de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, avait lu un texte dans lequel les propos de M. Gollnisch étaient reliés "aux pires moments" de l'histoire de France. Poursuivis à ce titre par M. Gollnisch pour "diffamation publique envers un particulier", M. Queyranne et les présidents des groupes PS, PCF, Verts, PRG, UDF et UMP ont tous été relaxés jeudi.
Ce jugement intervient au lendemain de la formation d’un nouveau groupe d’extrême-droite au Parlement Européen, groupe que présidera Bruno Gollnisch avec parmi ses membres la petite fille Mussolini. La famille est réunie.
Surtout, ce jugement tombe le jour où la France a choisi d’honorer les Justes : ces hommes et ces femmes qui ont choisi d’aider les juifs poursuivis tant par les nazis que par les collaborateurs. Cette cérémonie au Panthéon fut l’occasion pour Simone Veil de déclarer que la France « grave ainsi dans son histoire cette page de lumière dans les ténèbres de la Shoah ».
Grâce aux Justes, "nous pouvons regarder la France au fond des yeux et notre histoire en face: ", a souligné Jacques Chirac. En 1940, "le pouvoir de Vichy se déshonore, édictant de sa propre initiative, dès le 3 octobre (...), le sinistre statut des Juifs", a-t-il rappelé, évoquant un "antisémitisme d'Etat". A cette époque, "la République abdique, rend les armes à Pétain et Laval, cède la place à une clique revancharde et haineuse". En 1942, il y a eu "la honte du premier convoi de déportation le 27 mars" et "l'ignominie de l'étoile jaune", puis "le crime irréparable du Vel d'Hiv, les 16 et 17 juillet".
"Si on transige avec l'extrémisme (...) on lui offre un terreau pour prospérer et tôt ou tard, on en paie le prix", a averti Jacques Chirac. "Si l'antisémitisme s'est déchaîné dans les années 1930 et 1940, c'est faute d'avoir été condamné avec la fermeté nécessaire. C'est parce qu'il a été en quelque sorte toléré comme une opinion parmi d'autres", a-t-il martelé.
"Face à l'extrémisme, il n'y a qu'une attitude: le refus, l'intransigeance". De même, "c'est sans merci qu'il faut lutter contre le négationnisme (...) forme la plus ignoble, la plus abjecte de l'antisémitisme".Jacques Chirac était ainsi dans son rôle de gardien de la République. Dommages qu'il ne le soit pas plus souvent, surtout depuis le 21 avril 2002.
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