La colère gronde parmi les producteurs laitiers, en particulier dans les zones rurales où ils sont confrontés à trois types de problèmes. Le premier tient au prix anormalement bas auquel ils vendent leur lait alors que le prix aux consommateurs ne cessent d'augmenter. Le prix moyen de ces derniers mois est de l'ordre de 28 centimes (avec selon des membres du CDJA) des prix hebdomadaires pouvant descendre à 21 ou 22 centimes, alors meme que le prix de revient se situe (selon les orgaisations) entre 31 et 33 centimes. Au prix du marché, les producteurs ne peuvent pas vivre de leur travail. La négociabilité générale prix induite par la Loi de Modernisation de l'Economie a aggravé la situation en considérant que le vendeur (l'agriculteur) et l'acheteur (la centrale d'achat) sont à égalité, ce qui relève de la fiction idéologique des libéraux et autres partisans de la libre et totale concurrence.
Le deuxième souci tient à l'annonce faite par le Gouvernement qui accepte que soient supprimés les quotas laitiers au niveau européen. L'existence de ces quotas limitait la production dans les zones aux rendements très importants et permettait ainsi de garantir un débouché à la production des zones aux rendements plus faibles dont les zones de montagne comme celles du Nord Ardèche. Sans quotas ni encadrement du prix du lait, la concurrence va etre encore plus forte et risque de conduire à une baisse du prix du lait qui condamnerait l'existence meme des petits producteurs.
Enfin, les grandes laiteries - premier acheteur - sont dans une logique de compression des coûts et cherchent le lait le moins cher. Ainsi, elles souhaitent limiter les frais de collecte et tendent à arrêter celles-ci dans les zones très rurales où les déplacement sont nombreux, longs et compliqués, et où il y a énormément de petits producteurs à collecter pour préferer se concentrer sur les grosses exploitations en plaine.
L'agriculture doit etre respectée et abordée dans sa globalité, y compris comme un outil d'aménagement du territoire. C'est pour cela que je souhaite que l'on revienne sur la négociabilité générale et que les prix soient encadrés, que les aides aux producteurs intègrent la dimension sociale, culturelle et environnementale de l'agriculture, et qu'enfin soit soldée la quetsion du remboursement des subventions que la Commission Européenne réclame.
Comment s'étonner de cela ? On s'est organisé pour produire beaucoup avec une très haute productivité ; le lait coule à flot du pis des vaches qui sont de vraies usines à lait ; le transport , le conditionnement, la publicité, et les marges des distributeurs , lissent par le bas le prix du lait et les fermes les plus fragiles ne pourront pas tenir ; mais qu'importe dans une logique libérale de profit? De même que nous n'avons pas besoin d'usines partout , de même nous n'avons pas besoin d'autant d'agriculteurs, d'autant de maternités etc etc
Les quotas ,comme la taxe carbone.... sont des régulations avales du marché mais ne changent en rien la logique du système .
Pour revenir à mon précédent commentaire et le "nous" local / concernant le lait ,la solution est toute simple : construisons une coopérative laitière qui achète le lait local , le transforme en beurre , fromages ,crème ,yaourts etc à destination d'un marché local réorganisé : cantines , restauration collective, points de vente locaux ; tout cela dans le cadre très global et très transversal d'une politique de relocalisation valant pour d'autres produits ,d'autres secteurs .
Rédigé par : Di Girolamo | 16 septembre 2009 à 17:28