La performance de notre économie s’est fortement dégradée au cours de la
dernière décennie comme l’a bien montré le rapport Gallois. A les écouter, les
responsables de l’ancienne majorité ne s’en sont rendus compte qu’un an avant
les présidentielles de 2012. Pourtant, les signes du décrochage sont anciens et
très nombreux :
- la balance commerciale hors énergie est passée de +17Md€ en 2002 à
-25Md€ en 2011 ; c’est le symptôme majeur du décrochage de notre économie face
à celle de nos partenaires.
- la part de l’industrie (hors construction) dans la valeur
ajoutée en France est passée de 18%à 12,5% entre 2000 et 2011, au 15ème rang de la zone euro, derrière l’Italie
(18,5%), la Suède (21%) ou l’Allemagne (26%) ; aujourd’hui, notre pays est en
voie de désertification industrielle.
- l’industrie a
perdu 750 000 emplois sur les 10 dernières années mais elle n’utilise que
35000 robots de moyenne d’âge élevée contre plus de 60000 en Italie et 150000
en Allemagne ;
- bien
que la France dédie 2,3% du PIB au financement de la recherche et développement
(R&D), stimulée par le Crédit Impôt Recherche, seulement 1,4%des
entreprises ont bénéficié d’un financement public au titre de leur R&D
contre 5,4% en Allemagne.
- le chômage frappe 10%de la
population active et plus particulièrement les
jeunes et les seniors, contre 7,5 % en 2007. La perte de compétitivité est aussi
l’une des cause de l’atonie de l’emploi en France.
Cette
situation résulte bien évidemment d’un environnement international dégradé et
de la faiblesse de la demande intérieure, mais pas uniquement. Cette crise a
aussi révélé les faiblesses structurelles de notre appareil productif. Depuis
dix ans, aucune mesure d’envergure n’a été prise pour enrayer le recul de
l’emploi industriel étroitement lié à la dégradation de notre solde commercial
et aux pertes de parts de marché à l’export.
Les
causes de cette dégradation étaient pourtant connues : l’épuisement des gains de productivité, un mauvais positionnement de
gamme des produits français à l’exportation, la compression des salaires en
Allemagne notamment, qui est à la fois notre principal partenaire commercial
mais aussi notre principal concurrent sur les marchés tiers.
Pourtant, l’économie française a de grands atouts : des pôles industriels d’excellence mondiale, des
grands groupes puissants et développés à l’international, un tissu dynamique de
PME innovantes, une recherche scientifique reconnue mondialement et des
formations supérieures et techniques de grande qualité, une productivité
horaire du travail importante, des infrastructures de qualité, des services
publics et une énergie électrique facteurs d’attractivité.
La perte de compétitivité est aussi un constat relatif : sentiment que la
France est perdante dans la compétition mondiale, sentiment d’un déclassement
devenu inéluctable de l’appareil industriel, qui alimentent le pessimisme des
acteurs et des salariés eux-mêmes.
Aujourd’hui, nous
engageons avec le pacte de compétitivité une étape décisive du redressement de
notre économie. Notre ambition est de pouvoir soutenir des coûts de production
qui correspondent à notre modèle social, sans danger pour la compétitivité de
notre économie.
Il est
donc nécessaire de redonner aux entreprises, et en particulier à l’industrie,
les moyens d’un repositionnement offensif durable dans la concurrence
internationale, pour celles qui y sont directement exposées, et pour l’ensemble
des entreprises, de concourir à la compétitivité de l’économie nationale par la
modération de leurs coûts. Cette stratégie est indispensable pour restaurer notre compétitivité, redresser
notre industrie, retrouver la croissance et favoriser l’emploi.
Qu’est-ce qu’un crédit d’impôt ?
Un crédit d'impôt est une réduction
d'impôt sur le revenu pouvant donner lieu à un remboursement par l’administration fiscale. Dans le cas contraire,
il s'agit d'une simple réduction d'impôt.
Pourquoi créer ce nouveau crédit d’impôt
compétitivité emploi ?
Depuis dix ans, aucune mesure d’envergure n’a été prise pour enrayer le
recul de l’emploi industriel étroitement lié à la dégradation de notre solde
commercial et aux pertes de parts de marché à l’export.
Les causes de cette dégradation sont connues : l’épuisement des gains de productivité, un mauvais positionnement de
gamme des produits français à l’exportation, la modération salariale en
Europe du Nord et en particulier en Allemagne, qui est à la fois notre
principal partenaire commercial mais aussi notre principal concurrent sur les
marchés tiers.
La mise en place du CICE dans le cadre du Pacte national pour la
croissance, la compétitivité et l’emploi est nécessaire pour redonner aux
entreprises les moyens d’un repositionnement offensif durable dans la
concurrence internationale et enrayer un déclin qui n’a rien d’inexorable.
Comment fonctionne concrètement le
crédit d’impôt ?
Le Gouvernement a décidé un allègement du coût du travail de 20 Mds d’euros
annuels sur trois ans (10 en 2013, 15 en 2014, 20 en 2015). Le CICE sera calculé en proportion de la masse
salariale brute de l’entreprise pour les salaires inférieurs à 2,5 SMIC. Le
mécanisme permettra en régime permanent aux entreprises de récupérer
forfaitairement 4% en 2013, puis 6% à partir de 2014, de la masse salariale
brute payée au cours de l’année pour des salaires jusqu’à 2,5 SMIC.
Qui en
bénéficiera, à quelles conditions, quand ?
Toutes les entreprises et tous les entrepreneurs, quelle que soit leur
organisation ou leur forme juridique, pourront en bénéficier dès lors qu’ils
versent des salaires inférieurs à 2,5 SMIC.
Comme pour le crédit d’impôt recherche (CIR), les entreprises disposeront
dès 2013 d’une créance sur l’Etat au titre de l’impôt sur le revenu ou l’impôt
sur les sociétés. La créance aura un effet sur les comptes des entreprises dès
2013 : l’effet économique sera donc immédiat.
Comment votre système peut-il avoir
un effet dès 2013 alors que la charge pour le pays ne sera effective qu’en
2014 ?
Les entreprises bénéficieront du CICE pour la première fois sur leurs
impôts au titre de l’exercice 2013. De plus, le gouvernement veillera à ce que
les PME qui le demandent puissent bénéficier de l’effet de trésorerie de cet
allègement dès l’année prochaine. Un mécanisme de préfinancement pour les PME,
les ETI, reposant sur la Banque Publique d’Investissement (BPI), sera mis en
place pour permettre aux entreprises qui en ont besoin d’accéder immédiatement
à l’allègement mis en place.
Le Pacte national pour la compétitivité et l’emploi que le gouvernement a
décidé est un effort collectif national. Le financement des 20Mds€
d’allègements de charges reposera :
- pour moitié sur des économies supplémentaires réalisées par l’ensemble
des administrations publiques (Etats, opérateurs, collectivités territoriales,
protection sociale) à travers des réformes structurelles qui seront engagées après
concertation ;
- et pour moitié sur une participation de l’ensemble des Français.
Cet effort de 10Mds€ des Français se fera pour 2/3, à partir de 2014, à
travers la refonte des taux de TVA (avec le triptyque 5% - 10% - 20%) et pour
1/3 à partir de 2016 par une nouvelle fiscalité écologique. Cette participation
sera équitablement répartie, sans efforts supplémentaires pour les ménages en
2013, afin de ne pas peser sur la demande intérieure.
Pourquoi un ciblage sur 2,5 SMIC max
alors que le rapport Gallois proposait d’aller à 3,5 pour que la mesure
bénéficie davantage à l’industrie ?
Il faut savoir
qu’aujourd’hui, plus de 50% des salariés sont rémunérés en dessous de 1,6 SMIC.
L’approche proposée par Louis Gallois, visait à maximiser l’impact de
l’allègement sur l’industrie où les hauts salaires sont plus nombreux que dans
le secteur des services.
Le Gouvernement a décidé
d’adopter une approche plus large puisque 85% des salariés gagnent moins de 2,5
SMIC. Pour autant, cette approche ne néglige pas l’industrie puisque 83% des
salariés de l’industrie touchent moins de 2,5 SMIC.
Le CICE est-il un « chèque en
blanc » de l’Etat aux entreprises ?
Le CICE est un dispositif général
mais des contreparties seront demandées aux entreprises. Le Gouvernement s’est engagé à ce que celles-ci fassent l’objet de
dispositions législatives début 2013, sur la gouvernance des entreprises,
l’exemplarité en matière de rémunération des dirigeants et le civisme fiscal.
Les objectifs du CICE sont
clairement définis : l’amélioration de la compétitivité des entreprises à
travers des efforts en matière d’investissement, de recherche, d’innovation, de
formation, de recrutement, de prospection de nouveaux marchés et de
reconstitution de leurs fonds de roulement.
Tout en veillant à ce que le CICE
soit une mesure d’application simple, rapide et efficace, s’il apparaît que certains secteurs n’ont pas
respecté les objectifs du CICE, le Gouvernement pourra alors introduire de la
conditionnalité.
Le Gouvernement est soucieux de confier aux partenaires sociaux un rôle
stratégique dans le pilotage du CICE au sein de chaque entreprise (IRPP,
comités d’entreprise) et d’encourager la négociation sociale.
Le groupe SRC a précisé les modalités de contrôle de l’affectation du CICE,
d’une part, en énonçant que ce crédit ne « peut financer une hausse de la
part des bénéfices distribués ni augmenter les rémunérations des personnes
exerçant des fonctions de direction dans l’entreprise », d’autre part en
prévoyant la mise en place de comités de suivi régionaux et d’un comité
national afin d’évaluer périodiquement l’efficacité du CICE.
Les
professions indépendantes seront-elles éligibles au CICE ?
Le crédit d’impôt concernera tous les employeurs soumis à l’impôt sur les
sociétés ou à l’impôt sur le revenu, y compris les travailleurs
indépendants. En revanche ceux-ci ne pourront pas en bénéficier s’ils
n’emploient pas de salariés, car l’objectif de la mesure est de favoriser
l’emploi. Comme le crédit d’impôt est applicable dès le premier salarié, cela
devrait encourager les travailleurs indépendants à embaucher.
Les commentaires récents