Vous trouverez ci-après le verbatim de l'interview donnée au Réveil du Vivarais daté du 14 mars au sujet du projet de loi de décentralisation et de modernisation de l'action publique, de l'actualité politique et des prochains rendez-vous démocratiques.
- En plus de votre fonction locale de maire, vous avez de nombreuses responsabilités nationales au sein du parti socialiste. Quand et comment ont commencé ces expériences ?
C’est Martine Aubry qui m’a proposé d’intégrer la direction nationale du PS en 2008 après le congrès de Reims comme « délégué aux territoires ». En 2011, elle m’a aussi nommé porte-parole de sa campagne aux primaires en binôme avec Anne Hidalgo, la 1ère Adjointe au maire de Paris. Harlem Désir m’a demandé de rester à la direction du parti comme 1er Vice-président de la fédération nationale des élus socialistes et républicains, toujours en en charge de la réforme des collectivités. Par ailleurs, depuis le changement de majorité en juin 2012, j’ai été nommé vice-président du groupe socialiste de l’Assemblée. Je suis chargé de la décentralisation et des collectivités locales. Ce sont deux fonctions centrées autour de mon domaine de prédilection.
- Quels sont, d'après-vous, les atouts qui vous permettent une telle évolution politique ? Qui sont vos soutiens ?
La première qualité à avoir pour ces postes, c’est le travail et la connaissance des dossiers. Je n’aurais pas accepté des responsabilités dans des domaines que je ne connais pas. Les finances locales, le droit des collectivités, la décentralisation…ce sont des thèmes techniques mais qui me correspondent et me passionnent. Il faut savoir écouter, montrer que l’on maîtrise le sujet, mais aussi savoir trancher.
En termes de soutien, je suis évidemment très poche, tant sur un plan politique que personnel, de Martine Aubry mais aussi de personnalités comme Benoit Hamon, sur les questions européennes, ou la ministre de la réforme de l’Etat, Marylise Lebranchu.
- En quoi votre expérience locale influe sur votre façon de voir la politique nationale ? Dans quelles mesures vous inspire t-elle ? De même dans l'autre sens. Comment réadaptez vous vos acquis nationaux localement ?
L’expérience locale est importante, essentielle même, car elle amène du concret. Lorsque vous discutez d’une loi sur l’artisanat ou le commerce de proximité, c’est mieux de connaitre ce qui se passe sur le terrain. De savoir que bien souvent ce sont les procédures administratives qui gâchent les bonnes idées… Je le vois aussi avec les élus lors des mes tournées cantonales ou les visites d’entreprises.
A l’inverse, je sais qu’être député a facilité un certains nombres de choses. Nous n’aurions surement pas pu être aussi efficaces pour aider MP Hygiène à obtenir un financement de l’Etat si je n’avais pas pu rencontrer le ministre de l’aménagement du territoire directement. De même, Annonay est la plus petite ville de France à avoir obtenu un plan de rénovation de son centre-ancien et c’est aussi parce que j’ai pu le plaider directement auprès du gouvernement de l’époque. Je pourrais aussi parler de l’obtention d’une 3e classe à Preaux et d’un financement pour l’agrandissement de leur école… Il y a plusieurs exemples comme ceux-ci.
- Que pensez vous du cumul du mandat ? Quels choix ferez-vous entre vos divers mandats ? A terme, quelles sont vos ambitions ?
Ma seule ambition est de réussir ce que je fais, et de bien faire ce pourquoi j’ai été élu. Sur le cumul des mandats, j’ai toujours dit deux choses. La première est que je suis assez favorable à la possibilité de cumuler un mandat national et local – sinon je ne le ferais pas – mais qu’il faut faire évoluer la loi pour mieux encadrer les cumuls de mandats mais aussi de fonctions. Il n’y a pas que les mandats politiques qui comptent. Souvent on focalise sur les députés ou les sénateurs-maires, mais personne ne parle des présidents de sociétés d’économie mixte ou de ceux qui cumulent un mandat parlementaire et une profession libérale.
La seconde chose est que je me suis engagé à voter la réforme que présentera François Hollande. Je le ferai et évidemment je l’appliquerai. Aujourd’hui, j’attends de savoir le contenu exact et sa date d’application.
- Dans quelles perspectives vous situez vous par rapport à l'échéance 2014 ?
Annonay est et sera toujours la Ville où je suis né, où j’ai grandi et où j’habite.
J’ai une passion pour cette ville, à la fois complexe et attachante. Avec mon équipe, nous travaillons pour tenir nos engagements. Les chantiers en cours l’illustrent. Nous avons fait déjà beaucoup : la cantine à Vissenty, la montée des Aygas et celle de Beauregard, les terrains d’entrainement du rugby et du foot, la rénovation de la salle des fêtes, la novuelle gare routière et le parking de la Valette, les nouveaux locaux de la crèches…et j’en passe.
Ma plus grande fierté est que nous l’avons fait sans augmenter le taux des impots communaux et tout en diminuant la dette de la Ville qui est passée de presque 21 millions d’euros à un peu plus de 14 millions en cinq ans. Et ce, en comptant le chantier des Cordeliers qui se termine et pour lequel le calendrier sera respecté tout comme le budget.
Malgré cela, il y a encore beaucoup à faire pour rénover la Ville et lui rendre son attractivité. Des chantiers à terminer et d’autres à ouvrir comme la rénovation de Faya…
Tout cela est passionnant et je ne laisserai évidemment rien tomber. Nous avons un projet et nous voulons aller au bout, continuer ce que nous avons engagé et relever de nouveaux défis.
Les élections de 2014 sont encore loin et nous sommes concentrés sur notre travail. Uniquement sur cela. Mais je le dis clairement, avec toute mon équipe municipale, les Annonéens peuvent et pourront compter sur nous.
- Pouvez-vous nous parler un peu de votre fonction de rapporteur du texte de projet de loi de décentralisation ?
Je vais effectivement être le rapporteur à l’Assemblée du projet de loi de décentralisation. C’est un beau challenge et une belle responsabilité. Cela consiste à présenter et défendre le texte devant la commission des Lois et ensuite, à donner la position de la commission pendant les débats dans l’hémicycle. Le rapporteur est l’interlocuteur principal du gouvernement et doit aussi donner un avis sur tous les amendements, et il en propose aussi. C’est donc une fonction qui permet de peser sur le sens du texte et de rencontrer toutes celles et ceux qui sont concernés pour les écouter et toujours essayer d’améliorer le texte.
- Qu'est ce que ces modifications changeraient sur le nord Ardèche d'après-vous ? Comment cela fera évoluer le bassin d'Annonay vis à vis d'autres villes comme Privas ou Aubenas ? Est-ce que les zones rurales ne risquent pas d'être désavantagées ?
Il est hors de question de faire une loi spécifique à l’Ardèche, mais son contenu nous concernera évidemment. Nous voulons clarifier le rôle de chaque collectivité, et notamment bien distinguer ce qui relève de la Région ou du Département. Nous voulons répondre à la question « qui fait quoi ? » et ainsi simplifier les choses. De la même manière, les intercommunalités sont de plus en plus importantes et il faut donc aussi préciser qui fait quoi entre les communes et les communautés de communes.
Enfin, ce texte sera l’occasion de travailler sur les normes – et il y en a des milliers – qui concernent les collectivités locales. Notre objectif est qu’elles soient moins nombreuses, moins couteuses et mieux adaptées aux réalités. Ce n’est pas une mince affaire…
Pour le bassin d’Annonay, c’est aussi l’occasion d’être mieux armé pour peser et exister entre la grande agglomération Drome-Ardèche avec plus de cinquante communes autour de Valence et le bassin de Lyon qui va rapidement englober Vienne. Je ne crois pas que les zones rurales seront désavantagées, et cela fait partie des points auxquels je veillerai. Il faut leur donner les moyens de préserver leurs services publics et de pouvoir exercer leurs compétences.
- Concernant l'actualité, que pensez-vous de la réforme de l'emploi ?
L’Accord National Interprofessionnel ne mérite ni les excès d’honneur, ni les outrances. Il a le mérite d’exister et de revaloriser le dialogue social. Comme l’a dit le rapporteur du texte à l’Assemblée, notre rôle est maintenant de l’enrichir grâce à des amendements, de combler les trous du texte…De faire notre boulot tout simplement. Le gouvernement a déjà amélioré certaines choses dans la loi de transcription de l’accord. A nous de continuer dans cette voie pour que les salariés n’aient pas le sentiment d’être floués et précarisés, tout en conservant les priorités de l’accord autour de la flexi-sécurité, terme un peu barbare pour parler de flexibilité et de sécurisation des parcours professionnels.
De plus, la politique de l’emploi ne doit pas être réduite à ce seul texte. Nous avons créé la banque publique d’investissement, le contrat de génération ou encore le crédit « impôt-compétitivité » et il faut veiller à ce que leur montée en puissance soit plus rapide !
- Certains députés ont décidé de rendre publics les usages de leurs réserves parlementaires. Qu'en est-il de votre côté ? Ou en êtes vous ?
Le nouveau président de l’Assemblée a prix deux décisions importantes. D’abord de dire que chaque député aurait la même somme, soit environ 130 000 euros, alors qu’avant il y un écart de un à cinq, voire six, entre l’opposition et la majorité. C’est notre majorité qui a décidé de traiter chaque député de manière égale !
Ensuite, Claude Bartolone a décidé que l’utilisation de cet argent serait rendu publique chaque fin d’année. Et c’est aussi très important.
Pour ce qui me concerne, j’applique la même règle que les années précédentes. J’aide des projets d’investissement uniquement, plutôt dans des petites communes ou sur des projets pour lesquels l’aide que j’apporte est significative. Cette année, dans la région, je vais pouvoir aider une dizaine de communes – dont Villevocance, St Marcel, St Agrève, Félines ou encore pour l’achat d’un minibus aménagé pour les personnes âgées de la maison de retraite de l’Hopital. Tout cela sera rendu public en fin d’année quand les dossiers auront tous été complétés et déposés.
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