La recherche sur embryon est attendue avec... par GroupeSRC
Les députés ont voté mardi l’autorisation de la recherche sur les cellules souches embryonnaires par 314 voix pour, et 223 contre. Cette autorisation nouvelle n’ouvre pas la voie aux expériences farfelues, comme la droite a pu l’assener. C’est une avancée réelle pour la recherche contre les maladies dégénératives comme Parkinson ou Alzheimer. Par ailleurs, la recherche reste strictement encadrée.
Le débat fut propice à tous les débordements de la droite à travers 300 amendements sur un texte qui ne comporte qu’un article unique. Aux avants postes de cette opposition, un quatuor au disque rayé. En effet, cette poignée de députés réactionnaires, nostalgiques des débats houleux sur le mariage pour tous, a prolongé sa défense des sacro-saintes valeurs de la famille. Nous avons tout entendu. Des explications douteuses sur l’eugénisme aux amendements sur l’interdiction pure et simple de toute recherche sur l’embryon, ce « Tea-party » improvisé aura abreuvé l’hémicycle de scénarios dignes des plus mauvais films de science-fiction.
L’opposition se perd dans ses contradictions, quand on sait que le texte a été voté au Sénat en décembre dernier, avec des voix de gauche et de droite. En 2002, un projet de loi similaire avait été voté par plusieurs ténors de droite comme François Fillon, Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy ou encore Christian Jacob, en faveur d’une autorisation encadrée.
Le 28 mars dernier, le groupe des radicaux de gauche (RRDP) profitait de sa journée de "niche parlementaire" ( journée consacrée à l'examen des propositions de loi des groupes minoritaires) pour porter à l'ordre du jour une proposition de loi visant à autoriser la recherche sur les cellules souches et l'embryon. La droite s'était alors livrée à un déferlement d'amendements pour retarder l'adoption du texte. Elle y était parvenue grâce à un point de règlement : les débats lors des journées de niche ne peuvent se poursuivre au-delà d'01h00 du matin. Par son jeu d'obstruction, la droite avait donc fait traîner en longueur le débat jusqu'à ce que l'heure limite soit atteinte. Convaincue de l'importance de ce texte, la majorité a réinscrit cette proposition de loi à l'ordre du jour afin d'en terminer l'examen.
La recherche sur l’embryon est un enjeu international majeur
Cette proposition de loi vise à autoriser les recherches sur les embryons surnuméraires et les cellules souches. Elle vise à substituer au régime actuel « d'interdiction assorti de dérogations », un régime « d'autorisation encadrée » de la recherche sur l'embryon. D’ailleurs, l’un des premiers actes de Barack Obama en 2009 a été de légaliser le financement public de ce type de recherches interdit par son prédécesseur G.W.Bush.
Ce domaine de recherche est largement investi par les chercheurs des grands pays développés qui ont décelé le potentiel formidable de ces recherches en termes de médecine régénératrice.
Lors de son point presse, Jean-Louis Touraine (député SRC) a insisté sur les perspectives offertes dans tous les domaines de la pathologie pour remplacer les cellules malades, comme Alzheimer, Parkinson ou la DMLA.
Cette loi jouit d’un consensus large
L’autorisation de ces recherches est donc attendue par des milliers de familles qui avaient déjà exprimé leur accord lors des états-généraux organisés en 2009 dans toutes les régions. Mais la majorité d’alors avait préféré passer outre ces attentes pour interdire la recherche sur l’embryon dans la loi de bioéthique adoptée en 2011, malgré la division des parlementaires de droite.
Il n’y a donc pas de dissimulation, ni de loi votée en catimini. La loi n’est que l’écho de ces attentes, renforcées par les avis favorables des différentes organisations concernées comme l’Académie de médecine, l’Agence de biomédecine ou encore le Comité consultatif national d’éthique.
Cette loi ne contrevient pas aux règles de la bioéthique
Certains , enfermés dans des considérations personnelles souvent religieuses, s’élèvent contre ce vecteur de progrès médical et d’avancée sociétale. Leurs arguments fallacieux sont balayés par la clarté du texte de loi : la recherche n’est autorisée que sur les embryons surnuméraires obtenus in vitro, ne faisant plus l’objet d’un projet parental et voués à la destruction. « On ne détruit donc pas des embryons pour la recherche, mais c’est parce qu’ils seront détruits (obligation légale) que l’on peut les utiliser pour la recherche, comme pour le don d’organes », a fait remarquer Jean-Louis Touraine. Par ailleurs, la recherche sur embryon est déjà partiellement autorisée par dérogations et la recherche sur le fœtus décédé est totalement légale depuis des années.
Enfin, prétendre que les cellules dites « IPS » pourraient toujours être substituées aux cellules souches embryonnaires est mensonger. Ce sont des cellules avec des propriétés différentes et qui soulèvent des problèmes éthiques car elles sont génétiquement modifiées.
La recherche sur l’embryon est strictement encadrée
Aucune recherche n’est autorisée sans le consentement
des couples. Aucune recherche ne sera entreprise sans remplir les conditions
fixées par de l’Agence de biomédecine :
- La pertinence scientifique de la recherche
- La recherche doit s’inscrire dans une finalité médicale
- Si la recherche ne peut être menée sans avoir recours à ces
embryons ou ces cellules souches
- La recherche et son protocole doivent respecter les
principes éthiques.
Enfin, l’aval de l’Agence de biomédecine est obligatoire, après contrôle des ministres de la Santé et de la Recherche.
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