Le 3e plan Cancer, qui porte sur la période 2014-2018, vise avant tout à réduire les inégalités sociales liées à cette maladie, toujours première cause de mortalité en France. Il sera doté de 1,5 milliard d’euros, dont près de la moitié financera des mesures nouvelles.
Si aujourd’hui un cancer sur deux est guéri, on estime encore à 150 000 le nombre de personnes qui décèdent chaque année de la maladie. "Cette dure réalité" est accentuée, selon le président de la République, par le fait que la France est un des pays d'Europe de l’Ouest où les inégalités sociales de mortalité par cancer sont les plus importantes.
En effet, "le risque de décéder d’un cancer entre 30 et 65 ans est deux fois plus élevé chez les ouvriers que chez les cadres", a-t-il expliqué. Ces inégalités concernent aussi bien le dépistage, l'accès aux traitements, la vie pendant et après le cancer, que l'exposition aux risques notamment le tabac, l'une des cibles principales du plan.
1. Guérir plus de malades
2. Donner plus de moyens à la recherche fondamentale et à la recherche clinique
3. Améliorer la vie des malades pendant et après le cancer
4. Faire de la prévention une priorité pour réduire le nombre de cancers aux causes évitables (40 % du total des décès dus au cancer tiennent à des facteurs de risques évitables : 44 000 décès sont liés au tabac, 15 000 à l'alcool, 2 300 à l'obésité et 1 000 à l'exposition solaire)
Une égalité d'accès aux soins
Les personnes les plus modestes bénéficieront d’un accès gratuit sans avance de frais au dépistage du cancer du sein et du cancer colorectal. Par ailleurs, "le cancer du col de l'utérus fera également l'objet d'un dépistage systématique. Il atteint aujourd'hui 3 000 femmes et provoque plus de 1 000 décès chaque année. Dès lors, la généralisation du frottis (test de dépistage) tous les trois ans pour 80 % des femmes contre 60 % aujourd'hui réduira la mortalité de 30 % en dix ans", a déclaré François Hollande, qui a également annoncé le doublement "d'ici cinq ans" de la "couverture vaccinale" contre ce cancer, "ce qui permettra son éradication".
Pour corriger les disparités dans l’accès aux soins entre les régions, le plan prévoit d’ici à 2019 de réduire le délai moyen d’attente pour un examen d’IRM de 27 à 20 jours. Une enveloppe de 15 millions d’euros sera affectée aux régions sous-équipées.
L’information du patient sur la qualité des soins dispensés par les établissements sera facilitée d’ici à 2017 par la publication, sur un site internet, de nouveaux indicateurs. Pour améliorer le confort des patients, le plan fixe l’objectif de doubler en dix ans le recours à la chirurgie ambulatoire. Cette prise en charge hors de l’hôpital pourra à terme bénéficier à une femme sur deux opérées d’un cancer du sein. Pour assurer le partage de l’information entre les professionnels de santé, le dossier communicant en cancérologie sera généralisé avant la fin 2015.
Une médecine personnalisée pour tous
Le nombre d’essais cliniques sera doublé en cinq ans. Cet effort concernera tous les cancers y compris les 1 700 cancers pédiatriques, et toutes les régions, notamment les départements d'Outre-Mer qui aujourd’hui n’en bénéficient pas.
L’accès à la médecine personnalisée sera également généralisé avec notamment la systématisation des tests génétiques pour guérir les cancers les plus résistants. Un programme unique au monde par son ampleur prévoit à terme le séquençage de l’ensemble des cancers : "de 10 000 tumeurs analysées en 2015, on passera à 60 000 en 2018", a précisé le président de la République. Ce programme sera doté de 60 millions d'euros sur la durée du plan.
Autre enjeu majeur : la diffusion de traitements innovants à coûts maîtrisés. L’enjeu étant de réévaluer régulièrement et rapidement le prix des médicaments en fonction de leur usage réel, de leurs résultats et des nouvelles innovations intervenues depuis leur autorisation sur le marché.
De même, toutes les agences régionales de santé proposeront à terme une offre de chirurgie réparatrice accessible à tous sans aucun reste à charge.
Un meilleur accompagnement de la vie des malades
L’accompagnement tout au long du traitement et jusqu’à la guérison est une mesure forte du 3e plan. Un programme personnalisé de l’après-cancer sera remis à tous les patients guéris, afin d’organiser la liaison entre l'équipe de cancérologie et leur médecin traitant, qui prendra le relais de leur suivi.
Autre avancée : la gratuité de l’inscription au CNED sera étendue aux enfants de plus de 16 ans qui doivent arrêter leur scolarité du fait de leur maladie. Dans les entreprises, les droits des salariés victimes du cancer seront renforcés pour l’aménagement du temps de travail et la formation professionnelle.
Le droit à l’oubli sera institué en faveur des personnes qui, enfants ou adolescents, ont vaincu le cancer, ainsi qu’aux anciens malades pour lesquels les données de la science nous disent qu’ils sont guéris : ils ne seront plus tenus d’indiquer qu’ils ont eu un cancer lorsqu’ils demandent une assurance emprunteur.
Un plan national pour réduire le tabagisme, première cause évitable de cancer
Pour lutter contre le tabac, à lui seul responsable de 30 % des décès par cancer (44 000 morts par an), le président de République a demandé à Marisol Touraine, ministre de la Santé, de présenter "avant l'été un Programme national de réduction du tabagisme afin d’obtenir la réduction d’un tiers du nombre de fumeurs d’ici à 2019".
Alors que la France est le pays d’Europe qui a connu les hausses du prix du tabac les plus fortes, "il y a aujourd’hui plus de fumeurs qu’il y a cinq ans", a déploré François Hollande. Il a indiqué que les hausses du prix se poursuivraient, mais que désormais "les recettes supplémentaires abonderont un fonds dédié à la recherche, à la prévention et à la prise en charge du cancer".
Pour faciliter l’arrêt du tabagisme, le forfait de 150 euros pour aider les jeunes fumeurs à sortir de la cigarette avec l'achat de substituts nicotiniques sera étendu en 2015 aux 20-30 ans, à tous les patients atteints du cancer et aux bénéficiaires de la CMU-C. Les infirmières scolaires seront habilitées à proposer des substituts nicotiniques.
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