La Constitution de la Vème République prévoit qu'une motion de censure peut être déposée contre le Gouvernement. Si elle est adoptée par les députés, le Gouvernement est tenu de démissionner.
Mille raisons auraient justifié une motion de censure contre le gouvernement de François Fillon. Pouvoir d'achat en baisse, engagements non tenus pour ce qui concerne la politique budgétaire, sociale, scolaire, ou du logement, irrespect du parlement avec la tenue de débats comme autant d'alibis alors que les décisions semblent prises ailleurs, volte-face au sujet des OGM malgré les promesses du Grenelle de l'Environnement.
C'est la politique étrangère et de défense qui a été retenue par mon groupe politique. Le Président de la République a annoncé l'envoi de centaines de militaires supplémentaires en Afghanistan devant le parlement britannique sans que les députés et sénateurs français en aient été informés. C'est une première et la marque d'un irrespect des parlementaires. Le Gouvernement a alors organisé un débat dans la précipitation et accepté que 90 minutes de notre ordre du jour y soient consacrées... sans qu'aucun vote ne puisse être émis. Ainsi, l'Assemblée a débattu d'un sujet aussi important que l'envoi de troupes militaires pendant 90 minutes sans avoir le droit de voter et après que la décision ait été rendue publique. C'est d'autant plus choquant que Nicolas Sarkozy, lors de la campagne présidentielle, s'était prononcé pour un retrait rapide de nos troupes de ce champ d'intervention.
Simultanément ou presque, il s'est rendu au sommet de l'OTAN à Bucarest et a annoncé le retour de la France au sein du commandement intégré de l'alliancer atlantique. C'est là un reniement total de la position de la France au cours des dernières décennies. Là encore, il est inimaginable qu'une telle décision stratégique soit prise sans débat devant l'Assemblée. C'est pourtant la décision prise par Nicolas Sarkozy. Nous assistons ainsi à un revirement stratégique de la France qui s'inscrit désormais dans un atlantisme avéré aux dépens de l'Europe de la Défense mais aussi des principes gaullistes de non alignement et de non soumission militaire aux Etats-Unis. La création d'une base militaire à Abu-Dahbi face à l'Iran, les convictions affichées d'un choc de civilisations entre Orient et Occident avec des considérations religieuses en toile de fond, la réintégration du commandement intégré. Voila autant d'illustrations d'une ligne politique reprenant l'essentiel de celle des néo-conservateurs américains.
Vous pouvez retrouver le texte de la motion de censure sur le blog de Marylise Lebranchu. Je la voterai bien évidemment ce mardi 8 avril.
Tu as raison, il est en effet paradoxal d'avoir un gouvernement qui dit "on ne changera pas de cap ) cause des municipales, le président a été élu sur un programme" et de voir ce même Sarkozy faire un virage alors qu'aucun changement de situation ne le justifie.
Rédigé par : romain blachier | 08 avril 2008 à 11:14
C'est bien dans le rôle du député d'interpeller le gouvernement et quand cela s'avère utile de déposer une motion de censure.
Néanmoins son rôle ne s'arrête pas là ; au de là de sa propre appartenance politique il est pour les citoyens habitants la circonccription la seule personne en charge de les représenter; le député est bien le représentant du peuple ?
Représenter ,ce n'est pas rien! c'est ,à l'assemblée, faire vivre et s'exprimer l'expression citoyenne.
Le député c'est un lien vivant entre le peuple et ses gouvernants.
Comment, Olivier Dussopt ,allez vous pouvoir vous consacrer pleinement à cette mission si fondamentale nécessitant un laborieux travail d'écoute et donc des rencontres, des réunions ,et en même temps gérer une ville importante comme Annonay?
Autant j'admire le jeune député , l'homme , autant je conteste avec force ce cumul et l'assimile , quelques soient les bonnes raisons , à un plan de carrière.
Je ne cherche pas à vous agresser,et répète sans faux semblant mon respect à votre égard , mais j'estime que l'époque qui vient et les lourds enjeux qui sont devant nous réclament plus d'exigence.
Rédigé par : Di Girolamo | 08 avril 2008 à 20:32
Sur ce sujet, je suis d'accord avec votre texte, Monsieur le Député.
- Si l'intervention en Afghanistan pouvait se justifier en 2001 pour combattre le terrorisme, l'impopularité croissante des troupes d'occupation a permis le retour des Talibans et a transformé ce pays en "bourbier" pour les occupants.
- D'accord pour critiquer le refus d'organiser un vote à l'Assemblée Nationale, la création d'une base en face de l'Iran (intérêt stratégique minime, mais provocation pour les Iraniens), le retour dans le commandement intégré de l'OTAN, la contradiction avec les déclarations de campagne de Sarkozy (retrait progressif d'Afghanistan).
Des gens de droite comme D. de Villepin et N. Dupont-Aignan (1) condamnent aussi cette politique.
Ceci dit, le PS est-il débarrassé de toute velléité atlantiste ?
- Ayant plus du double de votre âge, permettez-moi de revenir 42 ans en arrière. En 1966, De Gaulle décide de retirer la France du commandement intégré de l'OTAN. Pour combattre cette décision, la FGDS (2)dépose une motion de censure. Cette motion est votée par les députés de ce groupe et ceux du Centre Démocrate (3). Les gaullistes et les communistes rejettent la motion de censure.
- Le retour de la France dans l'OTAN a connu des étapes. Ainsi, en 1999, le président Chirac et le premier ministre socialiste Jospin font participer la France à la guerre du Kosovo (4), dans le cadre de l'OTAN. Le PS et de nombreux Verts (dont Cohn-Bendit) baptisés "Verts kaki" soutiennent ces actions militaires.
- En 2003, l'attitude courageuse de Chirac et Villepin évite que la France participe à l'aventure américaine en Irak. Bien sûr, on ne peut pas savoir ce qui se serait passé avec un autre président.
On peut supposer que Sarkozy n'aurait pas eu la même attitude que son prédécesseur.
Mais, J. P. Chevènement pensait que si le président s'était appelé Jospin, il n'aurait pas agi non plus comme Chirac. On peut supposer que Chevènement avait de bonnes raisons de penser cela. Et puis, on connait la position favorable à cette intervention de membres éminents du PS en 2003 : B. Kouchner et G. Collomb par exemple.
(1) Il a, d'ailleurs, voté la motion de censure. Il est intéressant de connaitre sa position sur l'envoi de troupes en Afghanistan puisque les non-inscrits n'ont pas pu intervenir lors du débat du 1er avril.
http://www.debout-la-republique.fr/Envois-de-renforts-francais-en.html
(2) Fédération de la Gauche Démocrate Socialiste : présidée par F. Mitterrand. Elle comprend le parti socialiste SFIO, le parti radical et des associations et clubs. A l'exception du parti radical, ces partis et groupes forment le PS en 1971.
(3) Présidé par J. Lecanuet, il comprend le MRP (démocrates-chrétiens) et le Centre National des Indépendants (droite libérale).
(4) En acceptant l'indépendance récente du Kosovo, l'Union Européenne et particulièrement la France ouvrent une "boite de Pandore" concernant les revendications de groupes indépendantistes (Corse, par exemple).
Rédigé par : Jacques | 12 avril 2008 à 01:59