Dans le cadre des différents évènements organisés à l'occasion de l'anniversaire de Mai 68, j'ai d'abord participé à l'inauguration d'une exposition au théâtre municipal d'Annonay. J'ai aussi été l'invité du journal interne du Parti Socialiste, l'Hebdo, à débattre de cet héritage avec trois autres intervenants.
En cliquant sur le lien suivant, vous pourrez accéder à ce débat.
Le débat : Mai 68, quel héritage?
L'Hebdo en PDF : Téléchargement 488-web.pdf
40 ans après 68 , il y a ça :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1943
ne devrions nous pas faire qqchose ici et maintenant ?
Rédigé par : Di Girolamo | 08 mai 2008 à 13:20
Comme Jean-François Kahn (1), je commence à être saturé par les commémorations de mai 68. On est dans l'auto-congratulation : sur RTL, Serge July en fait un feuilleton, mais les autres médias n'arrêtent pas non plus.
Bon, j'ai senti une certaine ironie (ironie légitime) chez Laurent Baumel (que je ne connais pas).
A Annonay, la CGT a commémoré ces évènements. Je ne lui conteste pas ce droit en raison des grèves puissantes en France, et particulièrement à Annonay, et de l'influence de la CGT dans les entreprises locales, à l'époque.
Toutefois, je serais curieux de savoir si ce syndicat a fait la moindre allusion aux divergences très profondes de la CGT et du Parti Communiste avec le mai 68 "culturel", celui de D. Cohn-Bendit, A. Geismar, S. July, B. Kouchner, A. Glucksman, M. Karmitz et quelques autres.
Ces divergences virulentes se sont largement prolongées dans les années suivantes : je pense à l'époque de "l'affaire Overney" en 1972 (2). Le PCF était très hostile au comportement de la "Gauche Prolétarienne".
En mai 68, le PCF, quelles que soient ses motivations, a eu un comportement responsable et républicain. Il a largement contribué à éviter une issue dramatique.
En 2008, le PCF a perdu ses liens avec sa base populaire. Ses électeurs sont surtout des "intellos-bobos". Il fait l'éloge de TOUT MAI 68 avec le "zèle du néophyte".
Quand j'écoute, dans les médias, ce qui se dit sur mai 68, je frémis rétrospectivement. Aurais-je, sans m'en apercevoir, vécu pendant mon enfance, mon adolescence et le début de ma vie d'adulte dans un pays autoritaire, rétrograde, obscurantiste et pourquoi pas préhistorique ?
Henri Weber en "rajoute une couche" dans cet ordre d'idées. Son argumentation me rappelle, d'ailleurs, celle de Bernard Kouchner, lors du 30e anniversaire de ces évènements.
Vous parlez du "déterminisme", des études supérieures peu ouvertes aux enfants d'ouvriers à l'époque. Vous avez raison. Avec cette réserve : dans ce domaine, les progrès étaient importants DèS AVANT 68. Depuis, il y a eu massification, mais y a-t-il eu vraiment démocratisation ? D'ailleurs, vous parlez, avec raison, du "déterminisme" actuel (social, pas spécialement sur l'Ecole), probablement plus grave qu'à l'époque.
On pourrait parler de l'évolution individuelle des "soixante-huitards" connus. Sur un plan général : on en trouve (ou on en a trouvé car ils sont plus que sexagénaires) dans la politique (au PS, chez les Verts et même dans la "gauche sarkozyste"), dans les médias (en nombre ou du moins très influents, M. Weber H.), dans la publicité (souvent "trash"), dans les hautes sphères de l'Education Nationale (avec des idées "pédagogistes" calamiteuses, n'est-ce pas M. Geismar ?) et même (n'est-ce pas, M. Weber H. ?) dans le patronat (cf Denis Kessler, ancien N° 2 du Medef au temps d'A. Sellière).
Quant au bilan de mai 68, les médias en "rajoutent" beaucoup.
On a entendu dire que la pilule contraceptive venait de cette période. FAUX : c'est une loi du député gaulliste de la Loire, Lucien Neuwirth, appliquée dès 1967.
Quant à notre hebdomadaire local, "le Réveil", il a perdu, le 2 mai 2008, une bonne occasion de se taire.
Il attribue à mai 68 la mixité scolaire. FAUX : il y avait des classes mixtes avant 68 dans les écoles rurales (certes,pour des raisons pratiques plus que de principes). Le collège-lycée de Malleval était, certes, de garçons. Le collège-lycée des Cordeliers était, certes, de filles. Mais certaines sections (latinistes, classes de 2e, 1ere et terminale) étaient mixtes. Et, sauf erreur de ma part, le lycée Boissy-d'Anglas était mixte dès son ouverture (1965 !).
La mixité obligatoire date seulement de la fin des années 70 (réforme Haby).
"Le Réveil" attribue (en même temps ?) le droit de vote à 21 ans et à 18 ans à mai 68.
FAUX : pour les hommes, le vote à 21 ans date des débuts du suffrage universel (1848 !!!), pour les femmes, il date de 1944. Quant au droit de vote à 18 ans, c'est sous Giscard d'Estaing, en 1974.
Avant la fin de ce mois, vais-je encore apprendre qu'en mai 68, on a aussi inventé l'imprimerie ? Ou peut-être la roue ? Ou découvert le feu ?
Rédigé par : Jacques | 10 mai 2008 à 15:54
Mon texte étant long, je mets mes notes ici.
(1) Je partage aussi l'humour de Kahn quand il dit que le meilleur disciple de mai 68, c'est .... Sarkozy ! En effet, il applique le slogan "jouir sans entraves".
(2) En 1972, lors d'une provocation de la "Gauche Prolétarienne" (dirigée par Alain Geismar) dans les usines Renault de Boulogne-Billancourt, un membre de cette organisation, Pierre Overney fut tué par un vigile. Le vigile sera, quelques années plus tard, assassiné par le groupe terroriste "Action Directe".
(3) C'est plutôt un PS (logique !) qu'une note. Cela n'a rien à voir avec les "évènements", mais 1968, c'est aussi la fin de la présidence du Sénat de Gaston Monnerville (président du Conseil de la République, puis du Sénat depuis 1947). Monnerville était radical, puis radical de gauche après la scission de ce parti.
On peut dire que le Sénat a toujours du retard sur la vie politique du moment.
On peut dire qu'il n'y a pas d'alternance au Sénat depuis 40 ans.
Mais, on ne peut pas dire, comme le répètent bêtement les médias, que la gauche n'a jamais eu la majorité au Sénat.
Rédigé par : Jacques | 10 mai 2008 à 16:06