La décision de Nicolas Sarkozy de supprimer la taxe professionnelle dès 2010, dans les conditions énoncées par lui, est une faute économique grave. Le coût de la suppression de taxe s’élève à plus de 26 milliards d’euros - et non 8 milliards comme l’a annoncé le Président de la République, qui n’a compté que la part que versait l’Etat aux collectivités, en compensation partielle des allègements déjà accordés aux entreprises.
Nicolas Sarkozy s’apprête en fait à supprimer une recette majeure pour les collectivités territoriales : la TP représente 44% des produits de fiscalité locale de l’ensemble des collectivités, plus de 90% des produits de fiscalité locale des groupements à fiscalité propre.
A Annonay, avant le passage en TPU, cela représentait 9.2 millions sur un budget variant entre 28 et 30 millions selon les années. Pour le Conseil Général, c'est 53 millions soit 8 à 10 collèges (retrouvez la réaction de Pascal Terrasse, Président du Conseil Général, sur le blog "dans l'Oreille de Marianne")
Nicolas Sarkozy n’a assorti cette décision d’aucune mesure susceptible de financer la suppression de cette taxe
: il s’en est tenu à évoquer une vague «taxe carbone», sans aucune
précision sur les montants escomptés ni sur les modalités de mise en
œuvre. Au regard de tels enjeux financiers, on s’étonne de cette
improvisation.
Cela ne fait aucun doute : Nicolas Sarkozy veut d’abord faire porter l’effort sur les collectivités territoriales,
déjà asphyxiées par des transferts de charges de l’Etat et par la
diminution de leurs dotations. Un bel exercice de démocratie : l’Etat
décide sans autre préalable de faire payer les collectivités pour des
allègements accordés aux entreprises que lui seul décrète !
Nicolas Sarkozy n’épargnera pas non plus les ménages, qui seront immanquablement mis à contribution, dans une période où l’urgence économique et sociale est à la défense de leur pouvoir d’achat.
Quant aux entreprises, destinataires de ce nouveau cadeau, aucune contrepartie ne leur est à priori demandée.
Une exonération d’autant plus injuste alors que la TP assure un lien
entre les entreprises et les territoires, quand les collectivités sont
créatrices de 73% de l’investissement public. Pire,
aucun raisonnement économique ne démontre d’impact de la suppression de
la TP sur les décisions d’investissements des entreprises, encore moins
sur les délocalisations.
Je suis favorable à une réforme globale de la fiscalité locale, qu’ils considèrent effectivement comme injuste socialement et inefficace économiquement ; cela intègre des évolutions concernant la taxe professionnelle.
Mais une telle réforme appelle mesure et responsabilité. Les élus n'accepteront pas ce type d’improvisation, dangereuse pour le devenir des territoires, de la solidarité et du pouvoir d’achat des Français.
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