J'ai eu l'occasion de rencontrer à plusieurs reprises des représentants de la profession agricole et notamment des producteurs de lait. Le prix du lait actuellement payé aux producteurs vient de subir une baisse brutale. Il se situe aujourd’hui à un niveau historiquement bas. Dans le même temps, les prix payés par les consommateurs n’ont connu aucun mouvement de baisse significative.
De très nombreux éleveurs sont pris à la gorge. Ils manifestent leur colère sans être entendus par le gouvernement. Les causes de cette situation sont connues, :
- la dérégulation du marché du lait au moment des accords de la
PAC en 2003 et la disparition des quotas laitiers programmée dès cette
date ;
- la remise en cause en 2008 des mécanismes de fixation du prix du
lait au sein de l’interprofession laitière, au détriment des
producteurs, au nom de la libre concurrence ;
- la fin des quotas laitiers en 2015 qui provoquera une très forte
restructuration de la production laitière et dont les effets commencent
déjà à se faire sentir.
Dans tous les cas, les deux gouvernement précédents sont directement responsables de cette situation. C’est d’autant plus absurde que la filière laitière fonctionnait bien. Les mécanismes de régulation n’ont été supprimés que pour servir quelques intérêts minoritaires. En accord avec les responsables des industries agro-alimentaires et des centrales d’achat de la grande distribution, le Gouvernement a fait le choix de la dérégulation et de la concurrence, au détriment des producteurs et des consommateurs. Cette évolution aboutira inexorablement à concentrer la production laitière au profit d’une minorité et tourne le dos à une agriculture durable.
Il parait aujourd'hui nécessaire que :
- Le rétablissement des mécanismes de régulation des prix au sein de l’interprofession laitière ;
- la poursuite durant toute la campagne laitière du gel de 1% d’augmentation de quotas ;
- la réouverture à l’échelle européenne des discussions sur les
quotas avec pour objectif la prorogation du système actuel au-delà de
2015 ;
- la mise en place d’un vrai observatoire des marges qui fasse enfin
la lumière sur les marges bénéficiaires constatées dans la grande
distribution.
C'est d'ailleurs ce projet que les socialistes français s’engagent à mettre en œuvre au Parlement européen après le 7 juin et à rompre avec la politique du tout concurrence et de soutien exclusif aux intérêts des industriels. C'est un sujet important car il conditionne l'avenir des producteurs laitiers notamment dans des départements comme l'Ardèche.
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