Ce lundi matin dès 5h, le Centre des Jeunes Agriculteurs de l’Ardèche et la FDSEA Ardèche ont organisé des rassemblements devant les permanences parlementaires des députés ardéchois pour exprimer la colère de producteurs laitiers qui sont confrontés à trois types de problèmes.
Le premier tient au prix anormalement bas auquel ils vendent leur lait alors que le prix aux consommateurs ne cesse d'augmenter. Le prix moyen de ces derniers mois est de l'ordre de 28 centimes des prix hebdomadaires pouvant descendre à 21 ou 22 centimes, alors même que le prix de revient se situe (selon les organisations et hors salaires) entre 31 et 33 centimes. Au prix du marché, les producteurs ne peuvent pas vivre de leur travail. La négociabilité générale prix induite par la Loi de Modernisation de l'Economie a aggravé la situation en considérant que le vendeur (l'agriculteur) et l'acheteur (la centrale d'achat) sont à égalité, ce qui relève de la fiction idéologique des libéraux et autres partisans de la libre et totale concurrence.
Le deuxième souci tient à l'annonce faite par le Gouvernement qui a accepté en novembre 2008, après un vote favorable des députés européens de droite, que soient supprimés les quotas laitiers au niveau européen. L'existence de ces quotas limitait la production dans les zones aux rendements très importants et permettait ainsi de garantir un débouché à la production des zones aux rendements plus faibles dont les zones de montagne comme celles du Nord Ardèche.
Enfin, les grandes laiteries - premier acheteur - sont dans une logique de compression des coûts et cherchent le lait le moins cher. Ainsi, elles souhaitent limiter les frais de collecte et tendent à arrêter celles-ci dans les zones très rurales où les déplacements sont nombreux, longs et compliqués.
Je partage les revendications exprimées ce lundi matin et je l’ai indiqué à toutes les organisations agricoles que j’ai reçues. Je tiens aussi à préciser la responsabilité de chacun dans cette crise.
C’est Michel Rocard, alors Ministre de l’Agriculture du Gouvernement Fabius (PS) qui a créé le système des quotas laitiers pour mieux encadrer la production. En 2003, c’est Hervé Gaymard, Ministre du Gouvernement Raffarin (UMP) qui accepté lors du sommet de Luxembourg qu’ils soient remis en cause et c’est le Gouvernement actuel a qui accepté leur suppression en novembre 2008 après un vote favorable de tous les députés de droite au parlement européen. De la même façon, c’est le Gouvernement Fillon (UMP) avec Michel Barnier comme Ministre qui a supprimé le comité interprofessionnel du prix qui permettait de mieux réguler le cours du lait. Trop de ces décisions ont été prises dans tenir compte de l’avenir et les réactions des organisations professionnelles, au niveau national, ont été insuffisantes car soit non prises en compte par le Gouvernement, soit trop timides.
Aujourd’hui, c’est au Gouvernement de réparer ses erreurs et d’assumer ses responsabilités face aux producteurs. Les députés du groupe socialiste, auquel j’appartiens, l’ont à nouveau dit lors des questions au Gouvernement du 15 septembre dernier en demandant la remise en cause de la LME et de la négociabilité générale des prix, le remise en place du comité interprofessionnel du prix, et en redisant leur opposition à la suppression des quotas laitiers. Nous demandons aussi la mise en place d’un observatoire des marges afin de faire la lumière sur le rôle des grandes surfaces dans la fixation du prix du lait.
Les quotas laitiers c'est comme la moralisation du capitalisme :
on ne peut pas être contre.
mais c'est reculer pour mieux sauter
c'est comme l'expression le dit une régulation c'est à dire des mesures destinées à faire durer un système qui sur le fond et structurellement (dans la réalité concrète) reste inchangé.
Ce qui reste aussi inchangé c'est la politique : le fait de soutenir les agriculteurs dans leur combat pour un revenu décent est plus que justifié mais le fait de ne pas chercher plus loin en posant les problèmes de fond montre que la politique reste un jeu de pouvoir.
Finalement tout le monde reste sur "ses" positions et défend "son" bifsteak ..Mais de plus en plus on va s'appercevoir que cette régulation là ne marche plus non plus et que les acteurs , agriculteurs , politiciens etc vont devoir se mettre autour de la table pour inventer autre chose.
Ce qui est inquiétant c'est que ce moment là n'est pas semble t il vraiment proche et que plus on attends plus la remontée sera difficile et douloureuse .
Les usines qui ferment , le lait qu'on déverse , l'argent avec lequel on spécule ..sont à mettre en lien ; c'est la même logique , la même organisation structurelle de la société ; moralisons, mettons des quotas et des panneaux solaires sur nos toits mais surtout ne changeons rien en profondeur.
Je suis agriculteur ; expliquez moi comment je peux faire pour par exemple produire et vendre des oeufs bio qualité supérieure (nombres de poules limité adapté à une petite exploitation ,plein air, nourriture auto produite sur la ferme ..) pour simplement vendre mes oeufs ? On parle beaucoup des cantines et resto collectifs ..Comment vendre mes oeufs aux écoles locales ? Impossible ! Impossible parce que tout est organisé sur un schéma ne le permettant pas ; c'est là dessus qu'il faut travailler .Changer ce schéma ; cela s'appelle du développement et non pas de la régulation.
Rédigé par : Di Girolamo | 22 septembre 2009 à 06:31