Le Gouvernement a décidé d’utiliser le projet de loi portant rénovation du dialogue social pour introduire des modifications législatives conséquentes aux conditions pour les infirmiers du départ en retraite. L’âge légal de départ à la retraite des infirmiers passerait ainsi de 55 ans à 60 ans en échange de leur entrée en catégorie A de la fonction publique. Ce changement de catégorie n’était pourtant qu’une juste et légitime application de la réforme LMD (recrutement à BAC+3).
La méthode employée par le Gouvernement contredit les engagements de concertation du Président de la République puisque l’ensemble de ce protocole d’accord n’a été accepté que par un seul syndicat minoritaire. Cet empressement est d’autant plus incompréhensible que les concertations sur la réforme des retraites débuteront prochainement et qu’une loi devrait être adoptée « dans les 6 mois » selon les déclarations du chef de l’Etat. Faudra-t-il alors modifier ces mesures rendues caduques ? Pourquoi exclure aujourd’hui toute une profession de réflexions cruciales menées à l’échelle nationale et concernant tous les Français ?
C’est une conception bien curieuse du dialogue social que le Gouvernement adopte ici. La question de la retraite des infirmiers et des professions paramédicales doit faire partie du débat général sur l’avenir des retraites, auquel doit s’ajouter la question de la pénibilité du travail qui ne peut en être dissociée. C’est pourquoi les députés SRC ont demandé le retrait immédiat de cette lettre rectificative. Ils ont par ailleurs déposé un amendement de suppression de l’article 30 du projet de loi relatif à la rénovation du dialogue social dans la fonction publique pour dénoncer cette manœuvre.
La question des conditions du départ à la retraite des infirmiers intervient par ailleurs dans un contexte particulièrement tendu entre les infirmiers salariés et l’Ordre National des Infirmiers récemment créé à l’image de l’Ordre National des Masseurs-Kinésithérapeutes. La création de cet ordre place ainsi les salariés sous la double hiérarchie de l’ordre et de l’établissement hospitalier qui les emploie. Les règles déontologiques et disciplinaires de la fonction publique hospitalière recouvrent pourtant largement celles édictées par l’ordre professionnel.
Là encore, le dialogue social fait défaut à la méthode gouvernementale pour gérer cette situation. A l’instar des masseurs-kinésithérapeutes qui se heurtent à la surdité de Roselyne Bachelot, les infirmiers salariés qui refusent de s’acquitter de leur cotisation annuelle à l’ordre sont menacés de l’interdiction d’exercer leur métier ! C’est la qualité du service public de la santé et la continuité des soins qui sont ici dangereusement remises en cause au profit d’une mesure qui apparaît pourtant incohérente et particulièrement injuste à l’égard d’une profession déjà malmenée par la récente réforme HPST.
Le groupe socialiste s’est opposé à ces réformes et a souligné la brutalité de la méthode employée. Le dialogue social mérite mieux.
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