La crise grecque inquiète. Partout, je suis interrogé sur le risque que la France court de connaitre une situation identique. Les résultats budgétaires de 2009 n’incitent, il est vrai, pas à l’optimisme avec une dette publique en hausse rapide (+10 points de PIB depuis 2007) et un déficit au titre de 2009 de 140 milliards d’euros.
La Grèce est cependant dans une situation toute autre. Le déficit public annuel atteint 13% et la dette de l’Etat Grec est littéralement plombée par des conditions contractuelles exubérantes au profit des banques, des actifs toxiques et un certain nombre d’éléments mettant l’Etat Grec dans l’impossibilité de faire face à des engagements financiers. La Grèce doit alors emprunter pour refinancer sa dette et les marchés financiers ayant perdu confiance, les taux proposés sont exorbitants, de l’ordre de 13 à 14% à deux ans.
Le gouvernement Papandréou hérite de cette situation. La coalition de droite qui l’a précédé avait même sciemment menti sur la situation financière réelle. Dans ces conditions, l’actuel gouvernement a du faire appel à une aide du FMI et des Etats européens.
Le montant global de cette aide, qui doit permettre à la Grèce de rembourser ses dettes et de revenir sur les marchés, sera "sans précédent au niveau mondial", a affirmé M. Papandréou sans fournir de chiffre précis. Le montant officiel sera annoncé plus tard par les ministres des finances de la zone euro se réunissent pour entériner le programme d’économie négocié et activer le plan d’aide à Athènes. L’enveloppe, dont le montant serait compris entre 100 et 120 milliards d’euros, sera financée aux deux tiers par les Etats de la zone euro, sous forme de prêts bilatéraux, le reste étant fourni par le FMI.
Ce plan s’accompagne de mesures d’austérité drastiques.
Pour les retraites, l'âge minimum de départ à la retraite est fixé à 60 ans, les départs anticipés seront réduits. L'âge légal, actuellement de 65 ans pour les hommes et de 60 ans pour les femmes, va être lié à l'espérance de vie moyenne. La durée du travail pour avoir droit à une retraite pleine sera progressivement portée de 37 ans à 40 ans en 2015. La base de calcul prendra en compte le salaire moyen de la totalité des années travaillées, et non plus le dernier salaire.
Dans le secteur public, le gel des salaires actuellement en cours est étendu jusqu'en 2014. Il s’accompagne de la suppression des 13e et 14e mois de salaire dans la fonction publique pour les fonctionnaires gagnant plus de 3 000 euros par mois. Ces primes sont plafonnées à 1 000 euros pour ceux qui gagnent moins. La même suppression des 13e et 14e mois de pension est prévue pour les retraités, compensée par des primes pour les plus bas revenus. L'ensemble de ces primes avaient déjà été réduites de 30 % dans le cadre des précédentes mesures d'austérité. Les diverses indemnités touchées par les fonctionnaires, et qui représentent une partie importante de leur revenu, seront à nouveau réduites, de 8 %. Elles avaient déjà été diminuées de 12 %.
La TVA augmentera de deux points, de 21 % à 23 %, après une hausse de deux points en mars. Les taxes sur les carburants, l'alcool et le tabac sont augmentées de 10 % supplémentaires. Pour augmenter ses recettes, le gouvernement prévoit également de créer un nouvel impôt exceptionnel sur les sociétés les plus rentables, ainsi que par une augmentation de la fiscalité immobilière. Le gouvernement grec prévoit de réduire l'ensemble des investissements publics, ainsi qu'une libéralisation des marchés des transports, de l'énergie et "l'ouverture" des professions fermées.
Enfin, un nouveau salaire minimum va être mis en place pour les jeunes et les chômeurs de longue durée. Le gouvernement va revoir la législation qui interdit aux sociétés de licencier plus de 2 % de leurs effectifs totaux par mois.
Ces mesures sont drastiques et imposées au peuple grec qui paie la mauvaise gestion mais aussi le comportement des banques et des marchés financiers. Alors que la droite grecque sauvait les banques avec l’injection de plusieurs milliards d’euros dans le système bancaire en 2008 et 2009, les banques avaient couvert la cavalerie budgétaire et la dissimulation des chiffres. La note de la Grèce était restée bonne et, une fois le système bancaire sauvé, elle a été dégradée brutalement entrainant la crise financière.
Ceux-là même que les Grecs ont sauvés spéculent aujourd’hui contre la Grèce et l’Euro.
Cette crise montre aussi cruellement deux choses. La première est l’absence d’une vraie régulation du secteur financier mondial et européen, malgré les G20n les déclarations d’intention, et parfois les coups de mentons.
La deuxième est l’absence d’un vrai gouvernement économique européen et l’incapacité de l’Union européenne à mener une politique budgétaire contracyclique. Pire que ca l’Europe est partagée entre la solidarité et une attitude punitive illustrée par la position allemande.
Ceux qui se réjouissent de la cure d’austérité devraient veiller à ce qu’elle ne soit pas un danger pour leur propre économie.
Crise de la Grèce ? Crise de l'euro ?
Concernant la Grèce, certains, à droite, mettent en cause le gouvernement socialiste actuel. Comme celui-ci est en place depuis 2009, cette accusation revient à ne pas "voir plus loin que le bout de son (très petit) nez".
M. le Député, vous, vous mettez en cause le gouvernement de droite (2004-2009). Quelque chose me disait que, vous aussi, vous ne voyiez pas plus loin que "le bout du nez de Cyrano de Bergerac" (ou de Pinocchio, si vous préférez). La vue est plus lointaine, mais limitée.
Renseignement pris, j'avais raison.
Petite parenthèse : il semble y avoir beaucoup de népotisme dans la classe politique grecque :
- 3 Papandreou : le grand-père (chef du gouvernement 1963-1965), le père (1981-1989 et 1993-1996) et l'actuel.
- 2 Caramanlis : l'oncle (1955-1963 puis 1974-1980, président de la république "inaugurant les chrysanthèmes" 1980-1985 et 1990-1995) et le neveu (2004-2009).
Concernant l'euro. Certes, le gouvernement grec a fourni des bilans (semble-t-il truqués) aussi de 2004 à 2009. Mais, l'essentiel de ces bilans date des négociations pour entrer dans la zone euro, soit entre le traité de Maastricht (1992) et l'entrée de la Grèce dans l'euro (2001).
Deux partis ont alterné au pouvoir depuis 1974 (chute des Colonels) : le PASOK (socialiste) et la ND (Nouvelle Démocratie = droite).
- De 1974 à 1981 : ND (dont Caramanlis oncle jusqu'à 1980).
- De 1981 à 1989 : PASOK (Papandreou père).
- De 1989 à 1990 : gouvernements minoritaires ou "techniques".
- De 1990 à 1993 : ND.
- De 1993 à 2004 : PASOK (dont Papandreou père jusqu'à 1996).
- De 2004 à 2009 : ND (Caramanlis neveu).
- Depuis 2009 : G. Papandreou.
Manifestement, pendant toute la phase de négociations, les socialistes étaient au pouvoir.
Rédigé par : Jacques | 04 juillet 2010 à 15:47