Nous étions nombreux à nous retrouver autour du mémorial départemental en hommage aux morts aux combats en Afrique du Nord, au Pouzin ce 19 mars 2013 au matin, et nombreux aussi à Annonay, square du 19 mars 1962 en fin d’après-midi.
C’est la première fois que les anciens combattants AFN pouvaient se recueillir en mémoire de leurs camarades de combats tombés pour la France de manière aussi officielle. En effet, ce 19 mars 2013, cinquante et un an après les accords d’Evian, est pour la première fois la journée nationale d’hommage aux morts pour la France en AFN.
La loi, adoptée par les députés de gauche en 2002 à l’Assemblée Nationale, puis oubliée par les majorités de droite - qui avaient choisi la date du 5 décembre, sans sens, sans mémoire ni signification – a été enfin adoptée par les sénateurs de la majorité présidentielle à la fin de l’année 2012 et le Conseil Constitutionnel l’a validée.
Commémorer la fin des combats est nécessaire pour honorer la mémoire des victimes, militaires ou civiles, tombées avant ou après la date de signature officielle. Cela reste aussi douloureux pour les rapatriés, les pieds-noirs, les harkis que la France a malheureusement abandonnés.
Le 19 mars est une date lourde de sens. Soulagement des familles pour qui elle signifiait le retour des appelés du contingent. Douleur pour celles et ceux attachés à la souveraineté de la communauté française en Afrique du Nord. Joie de ceux qui luttaient pour liberté de leur peuple. Fin de l’angoisse pour certains mais aussi début de la peur pour d’autres, harkis et supplétifs que nous n’avons pas su protéger. C’est une date historique. Une date qui marque la signature d’un accord de paix qui sera ratifié le 9 avril 1962 par plus de 90% du peuple français malgré les tentatives de certains de créer le désordre, d’attenter aux jours du Président de la République et de refuser finalement la marche de l’Histoire. Notre présence au Pouzin montre notre attachement à cette date.
Voila le message du Gouvernement :
"En cette journée nationale de commémoration, la Nation rend hommage à tous les « morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de Tunisie.
Le retour sur cette mémoire douloureuse, du fait de la commémoration cette année du 50ème anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, donne à cette célébration un relief particulier.
Les drames personnels vécus par les acteurs multiples de ce conflit, propulsés dans une guerre d’une violence extrême par son impact sur les chairs comme sur les mémoires, sont rappelés avec une actualité qui interroge et interpelle.
Cinquante ans, c’était jadis la durée de deux générations. Combien de temps faudra-t-il encore pour cette période commune à l’histoire du peuple français et du peuple algérien soit regardée avec lucidité, franchise, sans repentance et dans un réel souci d’apaisement ?
La guerre d’Algérie a profondément et durablement divisé les opinions publiques, déchiré les familles. Tous, soldats de métier ou du contingent, harkis, « pieds-noirs », ont conservé de ce terrible conflit non seulement une peine et une douleur réelles, mais aussi un goût d’amertume, nourri par l’incompréhension.
Certains ont voulu tourner la page, d’autres se sont ancrés dans leurs souvenirs, beaucoup enfin n’ont jamais pu trouver les mots pour exprimer l’indicible. Si les cicatrices incrustées dans les chairs se soignent avec le temps, les blessures qui traversent les mémoires sont plus longues à guérir.
Tous ces hommes et toutes ces femmes, tous ces civils et ces militaires qui, pour fait de guerre et parce qu’ils avaient foi en France, ont perdu la vie sur la terre algérienne ou en métropole, méritent le respect et l’hommage que la Nation leur rend.
Les tragédies personnelles sont multiples, les mémoires sont plurielles. Elles doivent être respectées. Mais il faut savoir dépasser les histoires particulières, aussi douloureuses soient-elles, pour comprendre la réalité complexe de la guerre d’Algérie.
Car nous avons un devoir urgent, c’est celui de progresser sur la même voie de réconciliation. Nous le devons à tous les morts causés par cette tragédie, à leurs familles, mais aussi aux jeunes d’aujourd’hui et aux générations futures qui souhaitent une relation franco-algérienne enfin apaisée.
Telle est la volonté qui doit animer les acteurs des deux rives de la Méditerranée, dans le respect mutuel et la volonté commune de progresser vers l’avenir, quel qu’ait été le passé."
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