François Hollande rend public son bilan comme Président de la République. C'est un bel exercice de démocratie et de transparence.
Je vous invite à le lire, le billet ci-dessous de quelques dizaines de lignes mais aussi le document joint de 76 pages (ou consultable sur le site de l'Elysée : http://www.elysee.fr/assets/Uploads/BILANQUINQUENNAT.pdf).
Tout est toujours sujet à débat et il aurait pu, nous aurions pu, faire mieux ou différemment. J'ai eu l'occasion sur certains sujets, comme le CICE, le droit du travail, l'Europe ou les questions de société, de faire entendre mes différences. Je les assume, je les revendique, et en même temps j'ai toujours voulu rester loyal et ne pas ajouter de la crise aux difficultés.
Mais en même temps, dans l'incertitude des temps que nous connaissons, face à la crise économique, à la tête d'un pays qu'il a trouvé en 2012 avec presque 6% de déficit par an et qu'il rendra en l'ayant ramené à 3%, un pays qui avait subi une saignée dans les effectifs de la fonction publique et notamment dans l'éducation, la police et la gendarmerie (où nous avons créé des postes), un pays qui doute de lui-même et renie parfois ses propres valeurs, un pays qui fait face à des menaces et des attentats jamais connus, qui aurait fait mieux que lui? Qui peut prétendre avoir des solutions miracles? Je n'ignore ni son impopularité, ni les échecs ou les regrets, mais je dis simplement qu'il faut prendre le temps de tout regarder, dans le détail et avec honnêteté, pour forger son avis. Ce bilan nous y aide et, dans quelques mois ou dans quelques années, il soulignera tout ce qui a été fait, tout ce qui a été réussi, tout ce qui a été transformé, tout ce dont finalement nous n'aurons que trop peu et pas assez parlé. Il y des motifs de fierté, plus nombreux que les motifs de déception.
Je n'ai pas pour habitude brûler ce que j'ai adoré, ni d'encenser un jour ce que je condamnais la veille. Je crois à la loyauté et au respect du travail des hommes et des femmes. Et je souhaite au futur président de la République de faire...au moins aussi bien, sinon mieux!
Le billet de François Hollande:
Le quinquennat touche à son terme. Le moment est donc venu de considérer notre parcours et de mesurer les résultats obtenus.
Élu Président de la République en mai 2012, j’ai hérité d’un pays confronté à l’explosion de sa dette publique et sociale, placé sous la pression des marchés financiers, menacé dans son avenir même par la dégradation continue de sa compétitivité économique, au sein d’une Europe en crise.
Jour après jour, avec les gouvernements de Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, nous avons agi pour redresser le pays, parce que là se jouait l’essentiel : notre souveraineté, notre indépendance, l’avenir de la France. Parce qu’il n’y a pas de grande nation sans production, pas de progrès sans redistribution. Pas de développement durable sans respect de l’environnement.
Aujourd’hui, la France est plus forte qu’il y a cinq ans. La croissance est de retour. Le déficit public est à son plus bas niveau depuis 2008. Nos entreprises, grâce au soutien qui leur a été apporté, ont redressé leurs marges et investissent à nouveau. Plus de 400 000 logements ont été construits en 2016. Et le plus important : le chômage recule et notre économie s’est remise à créer des emplois — 200 000 l’année dernière, une performance inédite depuis 20 ans.
Nous avons réussi ensemble et sans qu’il soit besoin de faire subir une austérité à notre pays. Notre modèle social a non seulement été préservé — la Sécurité sociale est à l’équilibre, les retraites sont financées — mais étendu, avec le rétablissement du droit à la retraite à 60 ans pour les carrières longues, la prise en compte de la pénibilité du travail, un meilleur accès à la formation professionnelle pour tous, la généralisation du tiers-payant et de la complémentaire-santé, la revalorisation des minima sociaux, la création de la « Garantie jeune ».
Certes, il y a eu des efforts qui ont été demandés aux Français au début du quinquennat mais depuis la croissance est revenue, des baisses d’impôts ont été décidées et la prime d’activité a été créée pour les ménages les plus modestes. 12 millions de foyers fiscaux en ont bénéficié.
L’Education nationale, pilier de notre République, avenir de notre jeunesse, est redevenue le premier budget de la Nation avec la création, comme je m’y étais engagé, de 60 000 nouveaux postes, le rétablissement de la formation initiale pour les enseignants, le renforcement de l’éducation prioritaire, la lutte déterminée contre les inégalités et le décrochage scolaire.
En cinq ans, la France s’est transformée pour répondre aux enjeux du temps présent. De nouveaux droits ont été reconnus et ont étendu le champ des libertés : droit au mariage pour tous, droit à une fin de vie digne et apaisée, droit à l’IVG anonyme et gratuit, droit pour les consommateurs, mais aussi les victimes de discriminations, d’engager en justice des actions de groupe. Notre démocratie s’est modernisée avec la réforme territoriale, la fin du cumul des mandats, les progrès décisifs de la transparence, de l’indépendance de la justice. Avec aussi le respect de la démocratie sociale, la reconnaissance de l’engagement — 150 000 jeunes seront en service civique à la fin de l’année 2017 contre 15 000 en 2012. Une garde nationale a été créée et la réserve citoyenne a été ouverte à toutes les bonnes volontés.
Enfin, la France s’est engagée résolument sur la voie de la transition énergétique et écologique. C’est à Paris, en décembre 2015, qu’a été signé le premier accord universel sur le climat. C’est une grande fierté, mais aussi une criante responsabilité qui nous engage vis-à-vis des générations futures. Les énergies renouvelables ont été sollicitées, le nucléaire a été plafonné et l’agence de la biodiversité a été créée.
Au cours de ces cinq ans, la France a aussi traversé de terribles et douloureuses épreuves. Face au terrorisme islamiste, j’ai pris la responsabilité d’engager nos forces armées au Mali pour sauvegarder l’intégrité de ce pays. Puis en Irak et en Syrie où Daech recule sous les coups de la coalition internationale. Sur le territoire national, tout a été mis en oeuvre pour protéger les Français : notre arsenal pénal et notre renseignement ont été renforcés, l’armée a été mobilisée dans le cadre de l’opération Sentinelle, 9000 postes supplémentaires de gendarmes et de policiers ont été créés, l’état d’urgence a été décrété, les contrôles aux frontières ont été rétablis. Mais tout a été fait, aussi, pour préserver l’État de droit, empêcher les stigmatisations, éviter les amalgames et ainsi sauvegarder notre cohésion nationale. C’est en faisant bloc que la France a fait face aux attentats. C’est en restant unis, que nous vaincrons le terrorisme. Faut-il encore poursuivre notre effort de défense. Ce que j’ai engagé en révisant à la hausse la loi de programmation militaire. C’était la première fois depuis des décennies.
Mais d’autres menaces à présent se font jour. Le réveil des nationalismes, des populismes, des extrémismes, met en péril le projet européen et la démocratie. Que l’Europe doive être réorientée, réformée, relancée, cela ne fait aucun doute, et j’y ai oeuvré sans relâche tout au long du quinquennat. N’oublions pas d’où nous venons et ce qui a été accompli : la crise de l’euro surmontée, l’union bancaire constituée, la priorité donnée à l’investissement, la politique de la Banque centrale européenne assouplie avec des taux d’intérêts historiquement bas. Il faut maintenant avancer sur la voie de la Défense européenne, de la convergence fiscale, de l’harmonisation sociale. Mais une chose est sûre : il n’y a pas d’avenir pour la France, ni pour les autres nations européennes, hors de l’Europe, sans l’Europe, et encore moins contre l’Europe. La voie du repli, c’est la voie de la discorde. La sortie de l’Europe, c’est le chemin le plus sûr vers le déclin.
La France est forte de ses institutions. Elles aussi peuvent évoluer vers plus de démocratie citoyenne et moins de lourdeur. Mais à l’heure où ressurgissent des forces hostiles aux Libertés, ces institutions doivent être défendues et en premier lieu la laïcité. La démocratie est notre bien le plus précieux. Elle ne doit tolérer ni accommodement ni empiètement, car elle est toujours un combat dont l’issue dépend de la vigilance des Français.
Voilà, en quelques mots, le message que je viens vous adresser en cette fin de mandat et expérience faite : la France est une grande nation. Elle est robuste et est aimée bien plus qu’elle ne semble s’aimer elle-même. Elle est respectée, attendue, espérée en Europe et dans le monde pour ce qu’elle représente, pour sa culture et sa langue, pour son excellence technologique, pour son engagement constant en faveur du développement et de la paix.
Les défis auxquels nous avons à faire face, comme la lutte contre le réchauffement climatique, la régulation du capitalisme, la maîtrise de l’immigration et le terrorisme, sont redoutables pour la France. Mais en a-t-il jamais été autrement dans l’histoire ? Et la France n’a-t-elle pas toujours su tracer souverainement son chemin ? Alors, ayons confiance en elle. Ne doutons pas d’elle. Faisons en sorte qu’elle continue à se projeter avec ambition dans le monde et vers l’avenir à partir du socle que nous avons su bâtir depuis 5 ans.
Le bilan du quinquennat est à retrouver ici :
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