La crise économique fait ressortir le bien-fondé de certaines mesures longtemps décriées. Ainsi, la loi sur l'aménagement et la réduction du temps de travail a été pendant des années caricaturée, honnie et moquée par nombre de dirigeants de l'actuel majorité. Or, aujourd'hui, qu'en est-il?
La presse du 10 mars dernier nous apporte quelques réponses, tant dans Libération que dans les Echos. Il ressort que les rares entreprises repassées aux 39h font marche arrière. Ainsi, l'usine de pneumatiques Continental de Sarreguemines en Moselle avait fixé le temps de travail à 40h dès décembre 2007 et elle reviendra aux 35h en avril 2008. Le secteur automobile n'est pas le seul concerné par le mouvement de baisse du temps de travail. La France n'est pas le seul pays concerné non plus. Le géant japonais Toshiba maintiendra ses 16 000 emplois en aillant dans les heures supplémentaires. Malheureusement, notre Gouvernement va en sens inverse puisqu'il maintient son système de défiscalisation et d'exonération des heures supplémentaires, rendant ainsi moins chères les heures supplémentaires les heures comprises dans le temps de travail conventionnel. Même le Medef nippon voit une solution en la réduction du temps de travail.
En France, la réduction du temps de travail agit comme un véritable amortisseur à la crise. Rares sont les entreprises en difficultés qui n'ont pas joué sur le volant des jours de RTT pour éviter d'en venir au chômage partiel ou aux licenciements. Selon la CFDT, l'ARTT aurait permis de diviser par 6 le recours au chômage partiel entre les années 90 et 2005.
Ainsi, Renault, après avoir longtemps joué sur la modulation du temps de travail permise par l'ARTT, envisage de combiner chômage partiel et RTT pour n'occuper les salariés que quatre jours par semaine. Chez Michelin, ce sont plusieurs jours de RTT qui ont été imposés comme "jours de repos" en février et à Paques. Il serait même envisagé par le groupe un compte épargne temps négatif...
Du côté de l'Elysée, à défaut de remords, à défaut de revenir sur des déclarations parfois insultantes à l'égard de Martine Aubry, ce constat aura au moins permis de voir le slogan "travailler plus pour gagner plus" être mis en sourdine. Actuellement, sa traduction consiste surtout à gagner moins.
Les dispositifs d'ARTT démontrent aujourd'hui leur souplesse et les possibilités qu'ils offrent aux partenaires sociaux.
Pendant ce temps là, le Gouvernement ne prend pas la mesure de la crise sociale. Ainsi, depuis le 1er janvier (et en application de la loi de finances 2008), le dispositif AER (Allocation Équivalent Retraite) est supprimé. Il permettait pourtant aux chômeurs de plus de 56 ans, ayant cotisé le nombre suffisant de trimestres, de bénéficier d'une allocation d'environ 1000 euros par mois jusqu'à l'$age de 60 ans auquel il pouvait faire valoir leurs droits à la retraite. Aujourd'hui, ces "séniors" seront indemnisés via l'Allocation Spécifique Solidarité de 440 euros par mois. C'est donc une extraordinaire précarisation de près de 70 000 personnes qui auraient pu bénéficier de l'AER, c'est aussi une pression supplémentaire sur le marché du travail tout en sachant les difficultés rencontrées par les actifs de cette tranche d'âge pour retrouver un emploi.
Mon collègue Jean Mallot, Député de l'Allier, a interrogé le Gouvernement à ce sujet mardi 10 mars 2009 :
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