La rentrée est difficile pour nombre d'Ardéchois. Le nord Ardèche a particulièrement été touché par la crise avant l'été avec de nombreux licenciements et plans sociaux. La bonneterie cévenole à Guilherand Granges, ITDT à Tournon, Extreme Decor à Lamastre, Arjo-Wiggins à Annonay ou encore Inoplast à St Désirat. La torpeur estivale n'a pas empéché les défaillances d'entreprises, dans le textile notamment avec ITA ou les Tissages de Quintenas et Quintenas Colors. Le nord de l'Ardéche est une terre industrielle marquée encore fortment par des secteurs tradtionnels comme le textile ou l'automobile. Les inquiétudes sont aussi réelles pour Mecelec.
Ces secteurs souffrent les premiers de la concurrence et des risques de délocalisation. Les salariés voient leur outil de travail disparaître et parfois même être pillé. Beaucoup ont une qualification forte mais spécialisée et donc difficile à valoriser dans le cadre d'une reconversion professionnelle.
Que faire face à une telle situation? Situation d'autant plus difficile à appréhender qu'elle est générale.
Il revient d'abord à l'Etat de prendre ses responsabilités. Le plan de relance ne répond pas aux besoins en me permettant pas une reprise réelle de l'activité et de la demande qui la nourrit. S'il est tout à fait positif qu'Irisbus enregistre des commandes anticipées dans le cadre de ce plan, cela n'en est pas moins trop circonscrit. Prendre ses responsabilités, c'est aussi répondre aux élus locaux. Avec le Président du Conseil Général, nous avons sollicité un contrat de site et nous avons, ensemble et de ma propre initiative demandé régulièrement depuis septembre 2008 la mise en oeuvre sur notre territoire du contrat de transition professionnelle. Le Secrétaire d'Etat à l'Emploi n'a jamais daigné répondre. Pire il a parfois cautionné des opérations de communication à ce sujet.
Localement, les élus agissent. Les communautés de communes, appuyées par le Conseil Général et la Région, saisissent toutes les opportunités de développement. J'accompagne de mon mieux ces collectivités dans la recherche de financements et pour les montages d'opérations. Avec le Sous-Préfet de l'arrondissement de Tournon, nous travaillons à un projet de territoire en lien avec les communautés de communes, le Conseil Général et la Région. L'objet est de recenser et organiser des actions permettant la revitalisation de notre territoire. Elles seront financées sur des fonds de droit commun (venant pour l'essentiel des collectivités), sur les fonds versées au titre de pénalités par les entreprises fermant des sites. Enfin, certaines d'entre elles seront présentées à l'appel à projet Feder qui s'ouvre. Investissements technologiques, immobilier d'entreprises, plate-forme de services, mise en réseau...autant de sujets et de pistes abordées. Initié par le Pays Ardéche Verte que je préside, ce plan d'action concernera toutes les communes de l'arrondissement de Tournon. Les communautés de communes ont été sollicitées pour recenser leurs projets.
Sans esbrouffe ni effet de manche, nous travaillons tout en étant conscients des limites à notre action. Dans un monde dérégulé et libéral, les règles de droit brident notre action. Nous ne pouvons pas, nous n'avons pas de vraies armes pour empêcher une délocalisation ou une fermeture de site. Ces fermetures sont souvent justifiées par une chute de l'activité et des commandes. Par contre, lorsqu'une entreprise rentable ferme un site rentable, je partage la proposition de Martine Aubry qui souhaite que l'entreprise soit alors mise sous tutelle du tribunal de grande instance. Il est indécent et inacceptable de laisser de telles pratiques se poursuivre. L'économie a toujours connu des défaillances, des faillites, mais elles ne doivent pas être confondues avec des choix uniquement financier ou spéculatifs.
La rentrèe est là et beaucoup de prévisions restent alarmantes. Il est à craindre encore des mauvaises nouvelles pour l'emploi et la vitalité de l'économie en général et de notre territoire en particulier. C'est ensemble que nous pourrons affronter ce défi. L'emploi ne peut etre un sujet à polémique, à moins de faire preuve du plus grand cynisme. Ca doit etre un sujet de rassemblement.
"Dans un monde dérégulé et libéral, les règles de droit brident notre action. Nous ne pouvons pas, nous n'avons pas de vraies armes pour empêcher une délocalisation ou une fermeture de site."
Tout à fait exact Monsieur Dussopt ! Exact aussi de dire que :"C'est ensemble que nous pourrons affronter ce défi".
Mais, Ardèche Verte que vous présidez est un outil public de développement territorial ;c'est par ce canal transversal pouvant mobiliser l'ensemble des acteurs (collectivités locales ,communes ,communautés de communes, entreprises ,associations , organismes divers ,citoyens .....)que nous pouvons tenter ,tâche rude!, de reconstruire vers un avenir local durable.
Crise économique et crise écologique , crise financière sont reliées dans la même logique qui nous lient pieds et mains : que faire dans ce cadre là ? que faire face aux délocalisations? au réchauffement climatique ? A la crise énergétique qui ne fait que commencer? .....
Ici et maintenant changer de logique :passer d'une économie subie à une économie construite ; passer d'une économie libérale dérégulée à une économie solidaire et sociale Territoriale ! c'est à dire fondé sur un projet de territoire .
Nous avons deux outils pour amorcer ce travail collectif :
- un outil politique : "Ardèche Verte" son Comité de Pilotage,ses chargés de mission, son Conseil Local de Développement . Cet outil peut permettre d'élaborer le projet pour le territoire et de mobiliser les acteurs autour de cette élaboration
- un outil économique : la Société Coopérative D'Intérêt Collectif , cet outil permettant aux collectivités locales et tous les autres acteurs locaux de mener à bien des actions à caractère économique allant dans le sens de ce projet.
Rédigé par : Di Girolamo | 01 septembre 2009 à 16:13
Je prolonge mon commentaire parce qu'étant d'accord avec vous sur la nécessité d'agir ensemble j'émets une réserve sur la méthode ; méthode qui a bien y regarder touche le fond du problème : le regard qu'on porte sur "la crise" et par conséquent la manière d'y répondre. Les mots désignent parfois des réalités différentes; et de ce fait quand on se parle on ne se comprend pas toujours : : "agir ensemble" c'est pour vous ( du moins d'après ce que je lis dans votre commentaire ) : "recenser et organiser des actions permettant la revitalisation de notre territoire" ; les communes ,communautés de communes recensant les projets suceptibles de revitaliser l'économie locale.
Pour moi "agir ensemble" c'est impliquer l'ensemble des acteurs locaux : collectivités locales, entreprises ,associations, citoyens lambda etc etc dans l'élaboration d'un projet de territoire en réponse à la crise .
La différence méthodologique est de taille ! ce qui ne signifie aucunement que ces deux méthodes ne puissent pas se mener de front ; la pemière celle que vous proposez étant une réponse courte et dans l'urgence et la seconde une construction sur le long terme.
"Ardèche Verte" est structurellement et dans ses finalités adaptée à l'élaboration d'un projet territorial porté par l'ensemble des acteurs locaux; le Conseil Local de Développement , lien entre les élus et les populations peut jouer un rôle majeur dans cette démarche de réflexion/action vers l'organisation d'un avenir local durable.
Je reconnais volontiers la difficulté de ce genre de démarche qui n'est pas ancrée dans nos habitudes et culture ; c'est là qu'intervient la perception qu'on peut avoir de "la crise" : si c'est passagé , et que "les choses rentreront dans l'ordre" , alors effectivement , il suffit de faire le gros dos ; si c'est le début d'un processus lourd engageant la survie de nos civilisations , alors il est temps de se mobiliser autrement.
Rédigé par : Di Girolamo | 02 septembre 2009 à 07:51