Les ministres des finances des 27 Etats Membres se sont mis d'accord dimanche 9 mai sur un plan d'aide assorti d'un mécanisme de stabilisation qui tient en 4 points.
Premier élément, les 27 confirment le plan d'aide d'urgence à la Grèce, se félicitant des mesures prises par le Gouvernement Papandreou en matière de réduction des déficits (les exigences portaient sur une réduction de l'ordre de 12%, soit un montant qui parait parfaitement irréalisable). Les premiers versements d'un paquet prévoyant 110 milliards d'euros sur trois ans (et 30 milliards en provenance du FMI) seront effectués avant le 19 mai.
Second élément, la Commission empruntera 60 milliards, garantis par des ressources inscrites au budget et non utilisées, pour abonder le mécanisme de stabilisation proprement dit, fondé sur l'article 122-2 du traité. L'emprunt bénéficiera donc, de facto, de la garantie des 27 Etats membres. Le recours à ce fond se fera dans des conditions similaires à celles requise par le FMI.
Troisième élément, les Etats membres se tiennent prêts à mobiliser, "en cas de besoin" 440 milliards supplémentaires dans un véhicule financier spécial et dans le respect de leurs obligations constitutionnelles respectives, pour une durée de trois ans. Ici encore, les Etats en difficulté qui y auraient recours seront soumis à une surveillance stricte du respect des critères fixés par le Pacte de Stabilité. Le FMI ajouterait 100 milliards à la manne disponible.
Techniquement ces enveloppes se constitueraient de "prêts bilatéraux, de garanties pour des emprunts et de lignes de crédit du FMI".
Enfin, et surtout, la Banque Centrale Européenne achètera des bons du Trésor des Etats en difficulté, afin de financer au moins partiellement la dette souveraine de ces Etats en dehors des marchés financiers. Le montant de ces rachats est encore à déterminer par le Conseil des Gouverneurs de la BCE, de même que les conditions auxquelles cette monétisation de la dette serait mise en place.
Si le signal donné aux marchés est particulièrement fort, il n'en reste pas moins que des questions continuent de se poser, notamment sur l’efficacité à long termes des mesures :
D’abord, les sommes colossales annoncées ne seraient débloquées "qu'en cas de besoin" et "dans le respect des obligations constitutionnelles de chacun". Cela laisse présager de nouvelles disputes byzantines au Conseil sur la réalité des besoins et laisse à l'Allemagne la possibilité de se cacher derrière une nouvelle décision de sa cour constitutionnelle pour refuser de mobiliser les fonds nécessaires. Il manque à ce mécanisme les indicateurs permettant de rendre son activation automatique pour éviter les atermoiements que nous avons connu au cours de ces derniers mois.
Ensuite, le FMI reste très présent dans le montage financier. Or il convient de se souvenir que toute décision prise par cet organe nécessite une majorité de 85% de ses actionnaires. Les USA pèsent 17% de l'actionnariat et ont donc un droit de véto.
De plus, l'accès aux aides reste conditionné à des plans de rigueur drastiques et à une supervision des déficits publics renforcée. Il est à craindre que ces mesures soient de nature à étrangler tout espoir de reprise économique et donc de sortie de la spirale négative dans laquelle certains Etats Membres lourdement endettés sont engagés.
Enfin, en matière de réponse systémique, on n'en est encore qu'à l'ébauche d'une réforme d'envergure. La vision selon laquelle le Pacte de Stabilité et de Croissance reste le coeur de la coordination économique de l'Union sort renforcée de l'accord. On annonce une réforme dans le sens d'un renforcement des mesures répressives du Pacte, plutôt que d'instruments visant à fixer des objectifs de convergence en matière notamment de balances commerciales ou de cadre fiscal ou social. La surveillance et la régulation, nécessaires, des marchés financiers sont présentées comme une réponse suffisante aux risques de nouvelles crises, ce qui est une politique à courte vue.
En conclusion, il faut saluer l'ampleur du plan mais ne pas se laisser aveugler en ce qui concerne ses insuffisances à moyen et long terme. L'Europe se dote d'un instrument de réponse aux crises plus ou moins satisfaisant mais ne se donne pas les moyens de prévenir les crises futures, pour ainsi dire annoncées comme inévitables.
Bien au contraire, le Conseil s'est arc-bouté sur de vieilles recettes dont l'échec est patent face à la situation que nous vivons. En particulier, fixer des objectifs annuels en matière de déficits et d'endettement ne fait pas sens d'un point de vue économique (un plan quinquennal parait déjà plus rationnel). Et on ne touche en rien aux grands déséquilibres qui fragilisent la zone euro, la prospérité des uns étant construite sur la faiblesse des autres.
Aussi longtemps que les instances européennes et nationales ne viseront pas à combler ces écarts commerciaux, fiscaux et sociaux, la zone euro restera structurellement faible et à la merci de nouvelles attaques spéculatives.
Les péripéties connues par le niveau de l’Euro et les places boursières montrent que la sortie de crise est encore loin.
J'ai voté contre le traité de Maastricht en 1992.
J'ai voté contre la constitution européenne en 2005.
Tout cela surtout parce que cette "fuite en avant" ne me disait rien qui vaille. Mais, sans savoir exactement les conséquences qu'entrainerait l'existence de l'euro.
Et bien, voilà, nous y sommes, hélas !
Car, la nouvelle crise, celle de 2010, c'est la crise de l'euro.
Une monnaie construite sur "du sable".
Il reste aujourd'hui 2 "solutions" :
- Soit continuer la "fuite en avant", avec sa solution extrême, celle de Barroso.
Avec cette "solution", M. le Député, vous ne servirez plus à rien (vous servez déjà si peu depuis que les lois françaises passent après les directives européennes, depuis aussi qu'on a donné des pouvoirs accrus à des magistrats contre les élus du Peuple) car vous devrez demander à un organisme non élu l'autorisation de voter le budget.
Non démocratique, la solution Barroso risque de ne pas être efficace non plus : comment aligner les économies de tous les pays de la zone euro ?
- Une solution difficile, sans doute car nous avons trop perdu de temps depuis 1999, mais la seule valable. Celle proposée par le communiste André Gerin et le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan : la fin de l'euro et le retour aux monnaies nationales.
Rédigé par : Jacques | 25 mai 2010 à 10:32
Pour ma part, je crois que notre système basé sur la finance, le capitale, la bourse, la spéculation, j'en passe et des meilleurs est au bout du bout comme prévisible...
Seul un réel changement de comportement vis à vis de l'argent pourra augurer un avenir serein et durable.
Rédigé par : plumagil | 26 mai 2010 à 16:34
Je ne conteste pas le commentaire de Plumagil.
Il est évident que les 3 crises depuis 2007 ("bulle" immobilière en 2007, grande crise liée aux placements boursiers hautement spéculatifs en 2008, actuelle crise européenne dans laquelle la Grèce n'est que le "maillon faible") proviennent de la "fuite en avant" dans un néo-libéralisme mondialisé.
Spéculations sans frontières, délocalisations sans entraves, faux "libéralisme" puisqu'il liquide toute concurrence réelle (artisanat, petit commerce, petites exploitations agricoles, ...) (1).
Mais, l'actuelle crise européenne, bien qu'elle soit un élément de tout cet ensemble a aussi des raisons spécifiques.
Elles tiennent à la façon de construire l'Union Européenne depuis le milieu des années 80.
(1) Constatons que le dogme de la "libre concurrence" imposé par "l'Europe" (donc par tous les gouvernants qui ont signé les traités conduisant à cela) n'est dirigé que contre les services publics. La politique "européenne" n'agit nullement contre les concentrations financières, bien au contraire pourrait-on dire.
Rédigé par : Jacques | 26 mai 2010 à 20:07
Vous avez un grand guichet où s'inscrit à son fronton :Démocratie Droit de Vote
Vous pouvez régulièrement venir à ce guichet chercher un buletin et voter ; on vous félicite parce que nous sommes bien en démocratie.
Sauf que les bulletins, les questions ,les réponses sont préimprimées
sauf que tel un haut parleur de minaret un bruit de fond d'incessantes paroles détourne votre attention des sujets majeurs
C'est la vraie fausse démocratie.
La crise n'est pas que financière n'est pas qu'économique :économie et finance ne sont pas des réalités naturelles mais l'aspect visible de choix ou non choix d'organisation de la société .
Le choix aujourd'hui ? Voter au guichet ,faire marcher la fabrique des préimprimés , monter le son du haut parleur
ne surtout pas choisir
Le piège de la mondialisation est bien celui ci : nous sommes privés (nous le voulons bien ) de cette liberté de choisir , de bâtir ,de faire société .
Cette liberté ne peut s'exercer qu'à des échelons adaptés .
Et tous les experts qui s'occuppent en tous domaines de nos affaires et sont payés pour cela , tous ceux qui "savent", forment une puissante corporation ; ils ne savent rien : la complexité est factice et construite ; ils ne voient même pas venir le mur qui va nous heurter avec brutalité
La disparition des abeilles est rigoureusment issue du même phénomène que ce que nous nommons crise financière.
Mais la parole indienne est toujours aussi profondémment puissante : le dernier arbre coupé ,l'homme blanc s'appercevra que l'argent ne se mange pas .
Rédigé par : Di Girolamo | 27 mai 2010 à 06:57
Les solutions pourtant existent. Elles ont déjà servi à sortir des Nations de crises graves - mais elles ont demandé aux politiques d'assumer leur rôle face aux puissances financières :
1°) Etablir une loi de type Glass-Steagall : cette loi, mise en place par Roosevelt en 1933 aux USA, établissait une séparation nette entre banque de dépôt et banque d'affaire. Plus de renflouments illimités sous ce régime! L'argent de casino qui sert à la spéculation serait simplement annulé et ceux qui participent à ces spéculations dangereuses ne prendraient plus les Etats en otage!
2°) Etablir une commission d'enquête sur la crise : espérons que l'initiative de M. Emmanuelli va dans ce sens et qu'elle ira au délà du symbole.
3°) Etablir en Europe un traité entre nations souveraines et pas l'Europe libérale qui sert de prétexte à la démission des politiques.
Rédigé par : Jean Avenas | 05 juillet 2010 à 18:40
Je suis assez d'accord avec le commentaire précédent.
1°- La loi Glass-Steagall, votée par les démocrates dans les années 30, fut détournée à partir de la déréglementation financière de 1973.
Puis, elle fut abrogée à la fin des années 90 par la majorité républicaine du Congrès, abrogation promulguée par le démocrate Clinton.
Cette situation a beaucoup contribué à la crise de 2008.
2°- Une commission d'enquête, pourquoi pas ? Sur ce sujet, je n'ai pas d'avis tranché.
3°- Une Europe de projets, résultat de traités entre nations souveraines, "l'Europe des patries" chère à De Gaulle ?
Oui, 100 fois oui.
Mais, il faut "remonter la pente" après plus de 25 ans de supra-nationalité néo-libérale (Acte unique, Maastricht, traité de Lisbonne, directives européennes décidées par des organismes non élus supérieures aux lois votées par des élus, ...).
Rédigé par : Jacques | 06 juillet 2010 à 10:50