Politic’Arts - le 14 avril 2015
« Dans le cadre d’une série à paraître au cours du printemps, nous vous proposons de découvrir les différentes associations d’élus locaux. Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur l’Association des Petites Villes de France (APVF) à travers l’interview de son jeune président, Olivier Dussopt, 36 ans, Maire d’Annonay, et Député de l’Ardèche (PS, 2e circ.).
En premier lieu, pouvez-vous nous présenter votre association, son organisation et ses missions ?
L’Association des petites villes de France fédère depuis 1989 les petites villes de 2.500 à 25.000 habitants. Association pluraliste que je préside depuis juin 2014, elle compte près de 1.200 communes adhérentes et elle est présente dans tous les départements métropolitains et d’outre-mer.
Nous participons à l’information et à l’explication des lois et règlements que les maires doivent intégrer dans leur gestion locale par l’intermédiaire de documents hebdomadaires et mensuels de veille, par des notes, par des formations de qualité et par un contact au quotidien pour répondre aux interrogations. L’APVF porte également la voix des petites villes sur tous les sujets les concernant : le service public et l’aménagement du territoire, la décentralisation et le projet de loi portant Nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe), les finances locales, sur la santé, l’éducation, ou encore la culture.
Alors que jamais, les élus locaux n’ont rencontré autant de difficultés et de complexité dans la gestion des dossiers, ils ont besoin d’une association d’élus à taille humaine qui les informe rapidement, qui les aide à comprendre et surtout qui les défende efficacement, mais sans démagogie.
Quels sont les enjeux qui distinguent les petites villes des autres collectivités ?
Nous avons deux grands types de petites villes qui présentent des enjeux très différents.
Étant au centre du maillage rural du territoire, les villes dites « bourg-centre » doivent impulser les politiques locales d’aménagement et développement territorial et offrir la gamme la plus importante de services publics, notamment en termes d’accès aux droits, d’éducation (collège, lycée), de santé, de culture et d’infrastructures sportives.
Or, cette animation du territoire doit se faire avec peu de moyens financiers. Ces petites villes ont particulièrement souffert de la Réforme générale des politiques publiques (RGPP), qui a réduit leurs moyens en personnel, et font aujourd’hui face à la baisse des dotations de l’État.
Nous comptons également un certain nombre de villes qui se trouvent en périphérie des grandes villes. Pour elles, les enjeux sont nettement différents et vont concerner l’intégration au sein d’un territoire et l’accès aux services proposés par la ville-centre dont elles dépendent.
Alors que toutes les associations d’élus locaux se positionnent sur la réforme territoriale en cours, quel est votre sentiment sur ce projet et quelles conséquences pourra-t-elle avoir sur les petites villes ?
La réforme territoriale telle qu’elle est dessinée va permettre de relever plusieurs défis en à la fois en termes de clarification et de simplification de l’action publique d’une part, et de plus grande convergence économique entre territoires d’autre part. L’ambition de la réforme peut se résumer assez simplement : il s’agit de clarifier les rôles, les compétences dévolues à chaque échelon de collectivité en instaurant davantage de dialogue – via les Conférences territoriales de l’action publique (CTAP) – en généralisant la logique de « guichet unique », tout en veillant à mettre en place des mécanismes susceptibles de mieux redistribuer les richesses entre territoires. Le projet de loi NOTRe qui fait actuellement l’objet de débats parlementaires donne corps à cette ambition : la région est consacrée sur le plan économique comme le sur le plan de l’aménagement, en tandem avec les métropoles – issues de la loi de Modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (MAPAM) promulguée le 27 janvier dernier – ; le département est repositionné sur des compétences dédiées à la solidarité et à l’ingénierie territoriale ; et enfin le bloc local voit ses compétences confortées : la commune, malgré la montée en puissance des intercommunalités, demeure la première instance de proximité et la cellule de base de la démocratie.
Dans cette nouvelle configuration territoriale voulue clarifiée, le tandem « métropole-région » sera en mesure de créer, de ventiler, de répartir les moyens de production tout comme les fruits de la croissance issus des pôles métropolitains, vers l’ensemble du territoire dont sont souvent issues nos petites villes. Dans cette perspective et sans donner dans l’idéalisme, je crois sincèrement que la réforme territoriale, telle que nous la construirons symbolise la réconciliation des territoires.
Les associations d’élus ont cela de singulier qu’elles réunissent des élus aux appartenances politiques diverses, est-ce là une difficulté pour assurer la gouvernance de votre organisation ?
J’ai le sentiment que le pluralisme, loin d’être un obstacle, est au contraire une chance, une opportunité qu’il convient de cultiver. C’est d’ailleurs pourquoi à l’APVF, nous avons fait le choix d’organiser nos instances de direction de façon à ce que l’ensemble des sensibilités politiques y ait leur place. Le tandem que je forme à la tête de notre association avec Pierre Jarlier, Sénateur-maire de Saint-Flour et 1er Vice-président délégué de l’APVF est d’ailleurs le reflet de cette volonté de cultiver le pluralisme.
À mon sens, la variété des points de vue, des analyses qui règnent au sein de notre association permet non seulement d’enrichir nos échanges internes mais également de bâtir un discours équilibré, qui soit constructif et audible des décideurs publics. Nous puisons notre force de proposition et d’action en tant qu’association d’élus dans le pluralisme politique. »
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