Depuis ce lundi 22 septembre, l'Assemblée examine - en session extraordinaire - le projet de loi dit "en faveur des revenus du travail". Ce texte est présenté comme une réponse à la crise du pouvoir d'achat. Malheureusement, il n'y répond et n'est pas à la hauteur de cet enjeu.
Quatre dispositions principales apparaissent dans ce projet de loi.
La première consiste à encourage les accords d'intéressement dans les entreprises en accordant à celles-ci un crédit d'impôt égal à 20% des sommes consacrées à l'intéressement pour les entreprises concluant un premier accord et à 20% des sommes rajoutées dans le cadre d'un accord de revalorisation. Le but est de doubler ces sommes, soit de passer de 6,5 milliards d'euros à 14 milliards en quatre ans. Cela représentera un cout de 1,5 milliards d'euros de crédit d'impôt pour l'Etat. C'est beaucoup pour un dispositif qui ne concerne pas tous les salariés (seuls 3% de ceux travaillant dans des entreprises de moins de 10 salariés). C'est en plus contradictoire avec l'annonce le 29 juillet d'une taxe sur les crédits consacrés par les entreprises à l'intéressement et à la participation dans le cadre du redressement de la Sécurité Sociale. Cette taxe estimée à 300 millions par an va annuler l'intérêt du crédit d'impôt.
La deuxième consiste à autoriser un déblocage anticipé des sommes acquises dans l'année au titre de la participation. Cela revient simplement à donner le choix entre un pouvoir d'achat immédiat ou différé pour les salariés. Cela risque en plus de faire baisser la capacité d'investissement et de financement des entreprises, ce qui est inopportun dans un contexte de crise bancaire.
La troisième vise à changer la date de revalorisation annuelle du SMIC en la fixant au 1er janvier, et en la définissant sur la base de rapports annuels plus que sur des seuls indices statistiques. Il y a là un risque de décrochage du SMIC par rapport à l'inflation.
Enfin, il est prévu que les entreprises n'ouvrant pas de négociations salariales annuelles soient privées d'une part des exonérations dont elles bénéficient. Cela va dans le bon sens mais l'absence d'obligation de résultats à ces négociations relative très fortement la portée de cette mesure.
De manière générale, ce texte nous semble encourager le glissement d'une part de la rémunération des salariés du salaire horaire vers une rémunération à la prime ou à la commission. Ce type de rémunération ne participe, en plus, ni au financement des régimes sociaux, ni à l'acquisition de droits à la retraite.
La Commission des Affaires Économiques de l'Assemblée a été saisie pour avis et j'ai été désigné comme responsable du texte pour les membres PS de cette commission. C'est mon collègue Christian Eckert qui l'a été pour la Commission des Affaires Sociales saisie au fond. Vous trouverez ci-après un lien vers le compte-rendu de la commission du 17 septembre, vers le compte rendu de la séance du lundi 22 septembre au cours de laquelle je suis intervenu en discussion générale vers 23 heures 30. J'ai aussi eu l'occasion d'intervenir sur chaque article et dans le cadre de la discussion des amendements.
Compte-rendu de la Commission du 17 septembre 2008 : accéder au site
Compte-rendu de la séance du 22 septembre 2008 : accéder au site
Compte-rendu de la séance du 23 septembre au matin : accéder au site
Compte-rendu de la séance du 23 septembre au soir : accéder au site
Compte-rendu de la séance du 24 septembre au matin : accéder au site (en attente)
Compte-rendu de la séance du 24 septembre après-midi : accéder au site (en attente)
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